Européennes 2024 : comment la Lega devient le nouveau boulet du Rassemblement national

POLITIQUE - Le quotidien milanais Corriere della Sera parle de vidéo « choc ». Pourtant, en apparence, il s’agit seulement d’un banal clip de campagne, produit par la tête de liste de la Lega aux élections européennes, le général Roberto Vannacci. Sauf que, le candidat de Matteo Salvini, principal allié européen de Marine Le Pen, y a glissé une référence discrète comme l’extrême droite en raffole.

Au Parlement européen, Jordan Bardella et le RN ont raté le train du droit des femmes

Une allusion implicite à la Décima Mas, une unité militaire d’élite qui avait prêté allégeance jusqu’au bout à Benito Mussolini et dont le commandant, Junio Valerio Borghese, avait tenté un coup d’État fasciste en 1970. En Italie, le symbole convoqué par ce général, auteur d’un pamphlet homophobe et xénophobe ne trompe personne, dans un pays où le fétichisme autour de cette unité de nageurs de combat n’a pas disparu.

Cette référence à l’Italie fasciste, intervenant en pleine campagne des élections européennes, rappelle que malgré le divorce entre le RN et l’AFD, la formation de Jordan Bardella reste alliée avec des formations qui sapent le travail de « normalisation » entrepris dans l’hexagone. D’autant que la tête de liste de la Lega, Roberto Vannacci, collectionne les propos violents, comme lorsqu’il écrivait dans son pamphlet (qui lui a valu des sanctions) : « homosexuels, faites-vous une raison, vous n’êtes pas normaux ».

Le chemin inverse du RN

Plutôt gênant pour le parti lepéniste, qui cherche justement à se défaire de son étiquette « extrême droite » et souhaite apparaître plus respectable sur la scène européenne. Soit le chemin inverse fait par Matteo Salvini qui, en Italie, espère doubler le parti de Giorgia Meloni par la droite. « Avec Roberto Vannacci, la Ligue se rachète une posture de radicalité à droite, qui est son fonds de commerce, tout en essayant de prendre des voix à Fratelli d’Italia », explique à 20 Minutes, Stéphanie Dechezelles, autrice d’une thèse sur le parti de Matteo Salvini.

Ce faisant, l’alliance entre la Lega, qui prend un tournant radical, et le RN, qui cherche à se notabiliser, a de quoi interroger. D’autant que c’est justement en raison de la radicalité de l’AFD que Marine Le Pen a pris ses distances avec ses anciens partenaires allemands. Avant qu’une sortie de la tête de liste relativisant la responsabilité des SS ne scelle définitivement la fin des relations.

Reste maintenant à savoir si le RN se montrera aussi sévère avec le parti de Matteo Salvini. Quoi qu’il en soit, les adversaires politiques du parti lepéniste s’en donnent déjà à cœur joie. Ex-tête de liste macroniste en 2019, l’eurodéputée Nathalie Loiseau a posé la question sur le réseau social X : « Marine Le Pen et Jordan Bardella vont-ils demander l’exclusion de la Lega de leur groupe politique ? Spoiler : non ».

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