Européennes 2024 : Fabrice Leggeri, recrue phare du RN, visé par une plainte pour complicité de crime contre l’humanité

Jordan Bardella a trouvé le numéro 3 de la liste RN pour les élections européennes. Il s’agira de Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex.
JANEK SKARZYNSKI / AFP Jordan Bardella a trouvé le numéro 3 de la liste RN pour les élections européennes. Il s’agira de Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex.

POLITIQUE - Voilà qui pourrait gêner la campagne de Jordan Bardella. Ce mardi 23 avril, franceinfo et Le Monde rapportent que Fabrice Leggeri, numéro 3 de la liste du Rassemblement national aux élections européennes, est visé par une plainte déposée par l’association Utopia 56 et la Ligue des droits de l’Homme pour complicité de crimes contre l’humanité et complicité de torture.

Les plaignants reprochent à l’ex-patron de Frontex d’avoir refoulé des bateaux de migrants cherchant à rejoindre les côtes européennes, au péril de leur vie, tout comme d’avoir facilité leur interception par les autorités libyennes, en dépit des risques que cela représentait pour les concernés. Des faits qui, selon Emmanuel Daoud, l’avocat des associations cité par Le Monde et franceinfo, ont « facilité la commission des crimes contre l’humanité et des crimes de torture à l’encontre des migrants, par les autorités grecques et libyennes ».

Refoulements et signalements à la Libye

De fait, selon un rapport de l’ONU, les migrants récupérés par les autorités libyennes sont « placés dans des centres de détention où des milliers de personnes restent indéfiniment et arbitrairement, sans procédure régulière ni accès à un avocat ou à des services consulaires ». Ce même rapport pointait « les exactions et les actes de violence perpétrés contre les personnes détenues », précisant que celles-ci « souffrent de malnutrition, d’infections cutanées, de diarrhée aiguë, d’infections du tractus respiratoire et d’autres affections, ainsi que de traitements médicaux inadéquats ». Toujours au rayon des « horreurs inimaginables » mises en exergue par l’ONU : « les enfants sont détenus avec des adultes dans les mêmes conditions sordides ».

C’est donc pour avoir contribué à ce système, en tant que patron de Frontex, que Fabrice Leggeri est visé par cette plainte. Cité par franceinfo et Le Monde, le candidat RN balaie ces « allégations incorrectes » qui visent selon lui à « discréditer la liste du RN lors des élections européennes ». Pour sa défense, Fabrice Leggeri affirme que « l’agence européenne a sauvé plus de 350 000 migrants en mer en conformité avec le droit international de la mer », du temps où il en était le patron. En 2022, plusieurs médias avaient pourtant mis en évidence des refoulements illégaux de migrants en mer maquillés par Frontex.

« La qualification de complicité de crime contre l’humanité est une qualification criminelle et grave, mais ce qui est plus grave, c’est de laisser mourir des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en Méditerranée, c’est de favoriser leur transfert forcé vers des centres d’esclavage en Libye », souligne auprès de franceinfo Emmanuel Daoud.

« Acharnement judiciaire »

Preuve du caractère sensible de cette affaire, l’état-major du RN s’est immédiatement mis en ordre de marche pour discréditer les plaignants. « Fabrice Leggeri est la victime d’ONG d’extrême gauche pro migrante, complices du trafic d’êtres humains, et que les Français ne supportent plus. Son seul “crime”, c’est de refuser la submersion migratoire du continent européen », a fulminé sur le réseau social X, le président du RN Jordan Bardella, en exprimant son « soutien total » à son candidat.

« Les Français l’ont bien compris, les associations d’extrême gauche, partisans de la submersion migratoire et complices des passeurs, veulent réduire au silence ceux qui défendent le principe du contrôle des frontières », a renchéri Marine Le Pen, qui dénonce un « acharnement judiciaire » entrepris à l’encontre de Fabrice Leggeri.

Pour rappel, l’ancien directeur de Frontex avait démissionné à la suite d’un rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf), qui pointait la dissimulation de la part de l’agence de refoulements illégaux et après que le conseil d’administration a recommandé la prise de sanctions disciplinaires à son encontre.

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