Européennes 2024 : ce que disaient les sondages à un mois du scrutin de 2019

Vue du Parlement européen (illustration)
AFP Vue du Parlement européen (illustration)

POLITIQUE - Alors que la campagne pour les élections européennes 2024 entre dans son dernier mois, les états-majors des différentes têtes de liste ont les yeux rivés sur les sondages. Car si ces études d’opinion ne constituent en rien une prédiction du scrutin du 9 juin, elles permettent toutefois de prendre le pouls politique des électeurs et de mesurer les rapports de force à l’instant T.

Et pour ce qui est du vote à venir, les choses semblent se fixer, entre l’avance insolente du candidat RN Jordan Bardella et la perspective d’un possible croisement des courbes entre la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, et son poursuivant Raphaël Glucksmann. Plus loin à gauche, Manon Aubry connaît le début d’un frémissement, à l’inverse de l’écologiste Marie Toussaint qui peine à émerger dans cette campagne. Quant à la droite de la droite, le match entre Reconquête ! et Les Républicains tourne, pour le moment, en faveur des seconds.

Pour autant, cela signifie-t-il que les jeux sont faits ? Pas du tout. À ce sujet, l’exemple de l’élection européenne de 2019 est éclairant. Comme le montre le graphique ci-dessous, il y a eu, pour certaines listes, un sacré décalage entre ce qui était mesuré à un mois du vote et le résultat final. Prenons l’exemple de l’écologiste Yannick Jadot. Un mois avant le scrutin, il réunissait 8,32 % d’intentions de vote, soit cinq points de moins du score qu’il a réalisé (13,48 %).

À l’inverse, François-Xavier Bellamy jouissait d’une cote à 14,1 %, pour un résultat inférieur à 9 % des voix un mois plus tard. Même phénomène pour l’insoumise Manon Aubry qui, à un mois de l’échéance, affichait un score théorique supérieur de deux points à ce qu’elle a effectivement réalisé le 26 mai 2019 : 6,3 %.

Pour ce qui est du camp présidentiel, à l’époque porté par Nathalie Loiseau, et du Rassemblement national, déjà représenté par Jordan Bardella, les choses étaient en revanche plutôt conformes à la photo initiale. Si les choses ont finalement tourné en faveur du parti d’extrême droite, qui a pu se targuer d’être arrivé en première position sur la photo finish, les deux gros blocs de tête dominaient déjà largement le reste du spectre politique à un mois du vote. Et se sont donc logiquement neutralisés au soir du résultat.

Quels enseignements pour le scrutin à venir ?

D’un point de vue purement arithmétique, le précédent de 2019 tend à montrer que les électorats des deux blocs dominants, lepénistes et macronistes, sont bien consolidés dans les sondages, puisque les résultats sont conformes à leurs socles respectifs mesurés un mois avant le scrutin. Et cinq ans plus tard, force est de constater que le réservoir électoral potentiel du RN s’est élargi, à l’inverse de celui de la majorité qui a perdu sept points dans l’intervalle. Un échec pour le camp présidentiel qui avait fait de la lutte contre l’extrême droite et le populisme son cheval de bataille.

Ceci étant dit, les choses peuvent encore (beaucoup) bouger. En 2019, le scrutin a surtout été marqué par la performance des Verts et l’effondrement de LR. Ce qui montre qu’en dehors des blocs majoritaires, une part très importante des électeurs reste difficilement sondable à un mois de l’échéance. Auprès du HuffPost, Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos et coauteur d’une étude anticipant une progression de la droite radicale à l’échelle de l’UE, expliquait fin mars que les votes aux élections européennes « se fixent dans les tout derniers instants de la campagne », à l’inverse d’une élection présidentielle, où les dynamiques sont plus stables.

Ainsi, il n’est pas exclu d’assister le 9 juin à plusieurs surprises, que ce soit une percée de Raphaël Glucksmann qui bénéficierait du retour des électeurs de centre gauche un temps acquis à Emmanuel Macron, ou une remontada de Manon Aubry sur fond de mobilisation médiatique autour de la défense de la Palestine voire un regain de la liste présidentielle qui pourrait (encore) séduire l’électorat de droite classique qui continue de se situer chez François-Xavier Bellamy. Quoi qu’il en soit, tout dépendra de la mobilisation de chaque camp, alors que près d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé lors de l’édition précédente. Un facteur humain déterminant au moment de vérité, que ne peuvent mesurer les sondages à un mois du vote.

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