Des européennes à la dissolution, cinq épisodes d’une soirée qui fait basculer l’ère Macron

Des européennes aux législatives : 5 épisodes d’une soirée qui fait basculer l’ère Macron (photo prise le 9 juin)
LUDOVIC MARIN / AFP Des européennes aux législatives : 5 épisodes d’une soirée qui fait basculer l’ère Macron (photo prise le 9 juin)

POLITIQUE - Une élection peut en cacher une autre. Sitôt le résultat des européennes connu ce dimanche 9 juin au soir, et la débâcle de son camp confirmée face au Rassemblement national, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale.

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Résultat : les Français seront appelés à choisir de nouveau leurs députés lors d’élections législatives anticipées le 30 juin, pour le premier tour, et le 7 juillet pour le second. Une décision « lourde, grave », selon les mots du chef de l’État, lors d’une allocution solennelle diffusée juste après la publication des premiers résultats.

Et « un acte de confiance en la capacité du peuple français de faire le choix le plus juste pour lui-même et le futur. » Retour, en cinq épisodes, sur une soirée aux rebondissements inattendus et qui aura fait basculer l’ère Emmanuel Macron.

17H - La participation en hausse

Le premier chiffre dévoilé pour ces élections européennes a de quoi réjouir tout le monde. À 17 heures, la participation au scrutin s’établit à 45,2. Elle va grimper jusqu’à 52 % selon les chiffres provisoires publiés à 1h du matin par le ministère de l’Intérieur.

Il s’agit d’une hausse d’à peu près deux points par rapport au dernier scrutin en 2019, et du meilleur taux de participation à une élection européenne depuis 30 ans. Le signe d’une meilleure vitalité démocratique, à n’en pas douter. Et d’une élection à suspense ?

20H - La majorité encaisse une claque

Pas forcément. À 20 heures, les résultats tombent et ils confirment les derniers sondages réalisés trois jours avant le scrutin : le Rassemblement national réalise un score record, au-dessus des 30 %. Loin derrière, la Macronie s’écrase autour des 15 %, tout juste devant la liste de Raphaël Glucksmann pour le Parti socialiste et Place Publique.

Rien n’y aura fait : ni l’implication du Premier ministre Gabriel Attal, ni l’investissement d’Emmanuel Macron dans les dernières heures de la campagne. La débâcle est cinglante, les visages des macronistes sur les plateaux télés sont défaits, et on ne mesure pas à cet instant les répercussions qu’elle va engendrer.

20H05 - Bardella plastronne

Le candidat du Rassemblement national prend la parole en premier, dans les habits du grand vainqueur. Auréolé du meilleur score pour un parti d’extrême droite en Europe, Jordan Bardella goûte « un verdict sans appel », « un chemin pour l’avenir », « un message clair adressé à l’Union européenne » ou encore « la première pierre de l’après-Macron. »

Le président du parti lepéniste appelle de nouveau à la dissolution de l’Assemblée nationale, et à en « revenir au peuple français », comme il l’a fait toute la campagne en nationalisant ce scrutin pourtant européen. Car pour lui, « l’écart inédit entre la majorité présidentielle et le premier parti d’opposition traduit un désaveu cinglant et un rejet clair de la politique conduite par le gouvernement. » À noter qu’avec le score de Marion Maréchal, l’extrême droite en France pèse à peu près 40 % après ce scrutin.

21H01 - Macron dissout

Le président de la République prend la parole à 20H59 précisément. À 21H01, il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, avec ces mots, qui resteront à la postérité comme l’ont été ceux de Jacques Chirac avant lui : « Après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale. »

Emmanuel Macron prend ainsi acte du score historique de l’extrême droite et s’en remet au choix des Français. « Pour moi qui aie toujours considéré qu’une Europe unie, forte, indépendante, est bonne pour la France, c’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre », explique-t-il, à la surprise générale en ajoutant ne pas pouvoir faire « comme si de rien n’était. »

21H20 et au-delà - La gauche s’ébroue

Aussitôt, de nouvelles questions s’ouvrent. Parmi elles : que va faire la gauche. Alors que le chef de l’État vient de prendre tout le monde de court, les chefs à plume socialistes, communistes ou insoumis échangent par plateaux de télévision interposés sur ce que doit faire leur camp pour ces élections législatives anticipées.

D’un côté, Raphaël Glucksmann, dont la ligne sociale-démocrate sort renforcée de ce scrutin plaide pour une alliance entre les écologistes et les socialistes, sans les insoumis. De l’autre, Jean-Luc Mélenchon harangue la foule place Stalingrad à Paris, et réclame, en résumé, le retour de la Nupes (cette alliance qui a permis l’élection de 150 députés en 2022).

Tous ont en tout cas promis de se voir dans les prochaines heures pour arrêter la meilleure stratégie à suivre. De quoi faire espérer les militants de gauche réuni à Paris pour protester contre le Rassemblement national et son score aux européennes. L’enjeu est désormais tout autre.

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