Euro 2024: "Je tirais la tronche", Schneiderlin raconte la difficile vie de joueur non utilisé chez les Bleus

Morgan, des joueurs étaient visiblement frustrés de ne pas avoir eu de temps de jeu lors de la troisième rencontre face à la Pologne, est-ce que vous les comprenez? Comment Didier Deschamps peut-il gérer cela?

Je les comprends à 2000%. C’est très difficile de gérer un groupe pendant 45 jours. Les joueurs qui sont sur le banc, ce sont des joueurs qui ont gagné la Ligue des champions, qui sont titulaires avec le PSG, qui sont joueurs de Liverpool... C’est très difficile. Pour le troisième match, l’idéal pour Deschamps aurait été qu’ils gagnent les deux premiers et empochent les six points pour qu’ils puissent faire tourner comme il l’a fait à la Coupe du monde 2022. A l’époque, je me suis battu avec ma famille et des amis qui disaient: "Non mais je ne comprends pas, Deschamps doit garder une dynamique, on est bien dans cette Coupe du monde, il faut qu’on continue à gagner etc." Non, non, non, il faut faire jouer tout le monde, il faut faire en sorte que tout le monde soit heureux parce que ces joueurs-là qui ne jouent pas, ils vont devoir se lever tous les matins s’entrainer, se donner à fond pour permettre aux autres de garder un certain standard.

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Comment l’aviez-vous vécu en 2016?

Quand vous ne jouez pas, pour l’avoir vécu en 2016 alors que je m’attendais à jouer comme trois-quatre autres joueurs et qu’on n’est même pas rentrés en jeu… J’étais toujours collectif car l’équipe de France est plus grande que n’importe qui, que n’importe quelle individualité mais j’ai pris trois-quatre jours à m’en remettre et je tirais la tronche parce que c’est difficile... Vous êtes là, vous vous levez tous les matins, vous faites les choses bien. Je me mets à la place de ces joueurs et je comprends parfaitement que certains soient un peu dégoûtés. Après tout le monde peut se rassurer, il y a la performance collective qui va prendre le dessus. Tout le monde signerait pour être champion d’Europe.

Dans les moments de vie, les soirs après le repas, quand ça joue aux cartes, aux jeux vidéo, quelles interactions aviez-vous avec les titulaires? Vous essayiez de rester positif auprès d’eux ou vous laissiez parfois paraître votre frustration au risque que les titulaires le ressentent?

De mon expérience, avec les personnes avec qui j’étais, avec qui je pouvais jouer aux cartes, m’entraîner… Chaque personne a eu un petit mot pour moi. Chaque joueur m’a mis la main autour du cou et m’a dit: "Ecoute, on est désolés pour toi. Garde la tête haute, on va chercher la Coupe tous ensemble." L’ambiance qu’on avait en 2016 entre nous était vraiment top. Je ne sais pas comment c’est cette année mais à mon époque, il n’y avait pas de souci de ce côté-là. Tout le monde est assez intelligent pour comprendre que les paroles sont dures à trouver et en recevoir après ne pas avoir joué pour le troisième match, c’est un petit peu dur. Même le sélectionneur savait quand nous parler et quand il fallait ne pas nous parler, car il n’y avait rien d’entendable.

Article original publié sur RMC Sport