Etoiles Michelin : pourquoi la légitimité des évaluateurs interroge

Le guide Michelin vient de retirer leur troisième étoile aux grands chefs cuisiniers Marc Veyrat, puis feu Paul Bocuse. L'émoi provoqué est considérable. Pour tous ceux qui s'intéressent à l'évaluation, notamment dans le cadre scolaire, c'est une occasion remarquable pour réfléchir aux incertitudes de cette pratique qui, moins que jamais, ne peut prétendre être une mesure. L'émotion suscitée par cet événement témoigne de l'importance pour le public de la gastronomie, bien sûr. Mais elle dit aussi combien la légitimité des évaluateurs, dans quelque cadre que ce soit, interroge.

Lire aussi - Avoir une étoile Michelin ou la perdre : ce que ça rapporte, ce que ça coûte

La légitimité des référents en question

Évaluer, c'est dire dans quelle mesure une réalité donnée (en l'occurrence, le plat servi) paraît acceptable par référence à une réalité attendue (le plat parfait). Toute évaluation met en jeu un "référent", qui exprime ce qu'on pense être légitimement en droit d'attendre de la réalité évaluée. Reste à savoir ce qui fonde cette légitimité.

Ce fondement sera objectif quand (et si) on peut fixer de façon indiscutable ce qu'on est en droit d'attendre de la réalité évaluée. On est par exemple en droit d'attendre d'un élève de CM2 qu'il maîtrise les programmes de sa classe. Certes, les programmes ont fait l’objet d'une discussion préalable (et souvent passionnée). Mais, le programme étant fixé, et publié, sa légitimité devient indiscutable au sein de l’institution scolaire. D'une f...


Lire la suite sur LeJDD