Essai «Stalingrad», le virus assiégé

Ça va ça vient. Le professeur Jacques Leibowitch esquisse les bases de la trithérapie contre le sida.

L

a trithérapie ? Le mot n’existe pas encore. Ou on ne le sait pas. Certes, les trithérapies ont toujours existé, mais «la» trithérapie, jamais. En 1995, c’est encore la nuit. C’est le plein cœur des années de plomb. Des chiffres à faire frémir. Depuis le début de l’épidémie, le nombre de cas de sida en France s’élève à 41 034. Parmi eux, on recense 25 310 morts. Et le ministère de la Santé estime que le nombre de personnes vivantes atteintes du sida se situe entre 16 500 et 18 000 au 31 décembre 1995.

Molécules. A l’hôpital de l’Institut Pasteur, on meurt souvent : plus de trois décès par semaine. Les équipes sont épuisées. A l’hôpital de Garches dans la banlieue ouest de Paris, le professeur Jacques Leibowitch, un des historiques de la lutte contre le sida, continue de délirer. L’homme est impressionnant. Une vraie vedette, inclassable et colérique. Il est confus, bruyant, il se trompe souvent, mais parfois il a des éclairs de génie. En 1982, il est le premier à supposer que la cause du sida pourrait être un… rétrovirus.

Au milieu des années 90, les thérapeutiques antisida sont modestes. Et Leibowitch, comme toujours, se moque des prudences, se drape volontiers dans sa grandiloquence. Il se prépare à lancer un essai qu’il baptise «Stalingrad». L’idée est simple : écraser le virus sous le poids des molécules, et donc ne plus faire une monothérapie, mais une bi, voire une trithérapie. Idée d’autant plus séduisante qu’apparaît une nouvelle classe de médicaments antiviraux, qu’on appelle les inhibiteurs de la transcriptase inverse, les antiprotéases : ces molécules agissent à un autre stade dans la reproduction du virus dans l’organisme. Et ce n’est pas tout : non seulement, il y a de nouveaux médicaments, mais il y a aussi de nouveaux tests, dit de charge virale. Ils permettent de calculer le taux de particule virale qui circule dans le sang. Et donc, de mesurer (...)

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