Esprits mâles tournés

Dans le nord de l'Inde, en mars.

Un premier polar pour dénoncer la condition de la femme en Inde.

La force de ce polar tient d’abord à son héroïne, Simran Singh, une travailleuse sociale sikhe un peu pochtronne que sa mère désespère de voir mariée, et bien mariée. A 45 ans, Simran n’a plus guère d’illusions sur les hommes, elle aime dormir seule («nombreux sont les plaisirs d’une chambre à soi, on peut péter au lit et fumer sans demander : "je peux ?"») et consacrer son temps aux enfants maltraités. L’indienne Kishwar Desai a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans ce personnage d’enquêtrice atypique, elle qui fut journaliste avant de devenir romancière. C’est aussi son propos qui fait de Témoin de la nuit un polar passionnant mais également utile, un manifeste pour l’amélioration de la condition féminine en Inde.

Soupçons. A Jalandhar, ville de l’Etat du Pendjab, dans le nord de l’Inde, une famille de treize personnes est massacrée dans sa maison. Toutes ont été empoisonnées, certaines poignardées, quelques-unes brûlées. Seule Durga, 14 ans, s’en est sortie. Elle a été retrouvée attachée et violée, pourtant les pires soupçons planent sur elle. La police est convaincue qu’elle a assassiné ses proches. Envoyée dans une «maison d’arrêt pour enfants», elle attend son procès quand Simran Singh décide de remonter le fil de l’histoire.

Ce qu’elle va découvrir, au cours d’une enquête qui va la faire douter même de ses propres amis, fait froid dans le dos. Ce n’est pas seulement au procès de Durga que le lecteur assiste effaré mais à celui de la société indienne tout entière. Elimination des filles dans le ventre de leur mère ou à la naissance, mariages forcés, garçons rois, c’est le scandale de la condition de la femme en Inde qui est dénoncé dans ce premier roman. Car, très vite, Simran Singh découvre que Durga avait une sœur, d’une beauté stupéfiante, et que celle-ci a disparu. Seule trace d’elle, une photo où elle apparaît nue, décharnée, attachée à un lit. D’où ce passage sur les internements (...)

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