Espagne : Telefónica va supprimer plus de 5000 postes d'ici à 2026
Ces suppressions de postes, annoncées lundi lors d'une réunion entre la direction et les syndicats, toucheront l'ensemble des activités de l'entreprise en Espagne, a indiqué à l'AFP une source syndicale. Elles seront mises en œuvre progressivement d'ici à 2026, a précisé une source proche des négociations.
Le groupe de télécoms, présent dans 12 pays, dont le Brésil et le Royaume-Uni, emploie actuellement 16.500 personnes en Espagne, sur un total de 100.000 dans le monde. Il a déjà supprimé plusieurs dizaines de milliers de postes dans le pays ces dernières années.
Contactée par l'AFP, la direction de Telefónica a indiqué avoir "communiqué aux différents représentants des salariés l'ajustement" réclamé à ses différentes branches d'activité en Espagne, jugé nécessaire pour les "adapter au processus de transformation (...) requis par la nouvelle ère numérique".
Le groupe - qui s'est engagé début novembre à améliorer son flux de trésorerie et à maintenir une politique de dividendes "attractive" pour ses actionnaires au cours des trois prochaines années - a en revanche refusé de confirmer le nombre de suppressions de postes.
Selon le syndicat UGT, le plan social concernera les salariés nés avant 1968 et ayant au moins 15 ans d'ancienneté dans l'entreprise. Le nombre de départs pourrait par ailleurs être inférieur aux 5.100 postes annoncés, certains salariés pouvant bénéficier de reconversions au sein de l'entreprise.
L'UGT "continuera à se battre" pour défendre la "requalification" des salariés et "atténuer l'impact" du plan social, précise dans un communiqué le syndicat, qui assure "qu'il n'y aura pas d'accord" avec la direction sans "garanties" et mesures favorisant "la stabilité" des salariés.
Lourd endettement
Poids lourd de la téléphonie mondiale, Telefónica est confronté comme nombre de ses concurrents européens à une lourd dette, qui suscite des inquiétudes sur sa solvabilité en raison de la remontée des taux d'intérêt et de la forte inflation, qui grignote sa rentabilité.
Pour réduire cet endettement, le groupe a effectué d'importantes cessions d'actifs ces dernières années, dont la vente des tours de télécommunications de sa filiale Telxius pour 7,7 milliards d'euros. Il a également procédé à plusieurs plans de départs volontaires, notamment en 2015, 2019 et 2021.
Ces mesures ont permis de faire reculer fortement la dette, passée de 50 à 27,5 milliards d'euros depuis l'arrivée de José María Álvarez-Pallete à la tête du groupe en 2016, mais pas son ratio d'endettement, l'entreprise ayant dans le même temps vu fondre sa capitalisation.
Depuis la crise financière, Telefónica a vu son cours de Bourse chuter lourdement, passant de près de 23 euros en 2007 à près de 4 euros actuellement. La capitalisation du groupe de télécommunication est ainsi passée de 100 à 21 milliards d'euros.
L'annonce de ces suppressions de postes survient à un moment-clé pour l'opérateur historique espagnol, qui cherche depuis plusieurs années à se recentrer sur ses quatre principaux marchés (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Brésil) pour être plus rentable.
Début septembre, le groupe semi-public saoudien Saudi Telecom Company (STC) a ainsi annoncé l'acquisition de 9,9% du capital du Telefónica, pour un montant total de 2,1 milliards d'euros. Cette opération a provoqué l'inquiétude du gouvernement de gauche espagnol, prévenu à la dernière minute.
Dans ce contexte, la Société publique de participations industrielles (SEPI), organe d'investissement de l'Etat espagnol, a annoncé le 31 octobre mener une "analyse exploratoire" en vue d'"une éventuelle prise de participation dans Telefónica".
Selon le média en ligne El Confidencial, la SEPI - sortie de Telefónica en 1997 - envisagerait de prendre 5% du capital, "en lien avec d'autres investisseurs nationaux", pour "faire contre-poids à l'entrée de l'Arabie saoudite" dans l'opérateur espagnol.
Pour certains analystes, l'arrivée de STC, investisseur de long-terme, est toutefois de nature à renforcer Telefónica, confronté à une concurrence accrue depuis qu'Orange et MasMovil ont annoncé à l'été 2022 un accord de fusion de leurs activités en Espagne, actuellement dans l'attente d'un feu vert de Bruxelles.