Espagne: pourquoi la nouvelle sélectionneuse Montse Tomé est déjà critiquée

Espagne: pourquoi la nouvelle sélectionneuse Montse Tomé est déjà critiquée

Avec les départs de Luis Rubiales et Jorge Vilda, la sélection espagnole espérait repartir du bon pied un mois après le sacre lors de la finale de la Coupe du monde face à l’Angleterre. Après la rocambolesque affaire du baiser forcé à Jenni Hermoso, l’ex-patron du foot espagnol a finalement démissionné, avant que le sélectionneur, critiqué par une partie des joueuses depuis un an pour ses méthodes, ne soit remercié malgré le sacre en Océanie. Le début d’une nouvelle ère pour la Roja ? Pas vraiment.

Si la nomination de Montse Tomé au poste de sélectionneuse pouvait faire penser que les grévistes de la première heure allaient se rétracter, il n’en est rien. À la suite d’un premier communiqué quelques jours après le Mondial, dans lequel elles annonçaient se mettre en retrait de la sélection tant que les choses ne bougeaient pas à la Fédération, 39 joueuses ont remis le couvert vendredi dernier, en martelant leur intention de ne pas remettre les pieds en sélection, dans l’attente de "changements structurels" au sein de la RFEF. L’arrivée d’un nouveau visage à la tête de l’équipe n’a pas calmé les incertitudes.

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Jugée trop proche de Rubiales

Pour l’ancienne internationale Veronica Boquete, Montse Tomé "a toléré trop de choses et s'est éloignée trop tard de Rubiales". Si l’ex-parisienne ne doute pas des qualités d’entraîneure de l’ancienne adjointe de Vilda, elle est convaincue que ce n’est pas le meilleur choix. "Est-ce la meilleure que l’on puisse trouver pour la meilleure équipe du monde ? Je ne crois pas. Il y en a d'autres avec plus d'expérience", expliquait-elle dans Der Spiegel. Selon Boquete, le message envoyé aujourd'hui est que "puisque c'est une femme qui entraîne, les joueuses ne peuvent pas continuer à se plaindre". "Ce n'est pas ce que nous voulons. Même si nous préférons Montse à Jorge (Vilda), c'est un peu injuste, c'est pourquoi les joueuses sont toujours en grève."

Lors du discours de Luis Rubiales, dans lequel il avait répété à de nombreuses reprises son intention de ne pas démissionner - ce qu’il fera finalement plus tard - Montse Tomé avait été aperçue à plusieurs reprises en train d'applaudir l’ex-président de la Fédération. Si elle affirme l’avoir applaudi "deux fois", Relevo confirme qu’il y a eu des applaudissements à sept reprises.

Des mensonges à répétition ?

Pour sa première expérience en tant que numéro un sur un banc, Montse Tomé est toujours au centre du cyclone. La raison ? Avoir convoqué 20 grévistes pour le rassemblement de septembre, dont 15 championnes du monde: Misa Rodríguez, Cata Coll, Enith Salón, Irene Paredes, Oihane Hernández, Olga Carmona, Ona Battle, Aitana Bonmatí, Alexia Putellas, María Pérez, Tere Abelleira, Athenea del Castillo, Esther González, Eva Navarro et Mariona Caldentey. Une seule championne du monde, Athenea del Castillo, n'avait pas signé ce communiqué, préférant faire le sien et se déclarant sélectionnable. L'attaquante du Real Madrid a bien été convoquée par Montse Tomé. En revanche, aucune des signataires du communiqué de vendredi ne s'était déclarée sélectionnable publiquement depuis.

Lors de l’annonce de sa liste, la sélectionneuse de la Roja a pourtant confirmé qu’elle s’était entretenue avec les joueuses. La presse espagnole raconte que beaucoup d'entre elles étaient "choquées" de voir leur nom, quand d'autres ont cru à une mauvaise blague. De quoi instaurer un véritable chaos à trois jours du match de Ligue des nations face à la Suède (22/09).

D’autant que ces dernières auraient réitéré leur intention de ne pas être sélectionnées auprès de Tomé, selon Relevo. Sauf que la sélectionneuse a affirmé le contraire. En réponse à la question "Une joueuse vous a-t-elle demandé de ne pas être rappelé ?", Tomé a répondu un "Non" ferme.

L’épineux cas Hermoso

Autre choix fort: se passer de Jenni Hermoso. L’attaquante de Pachuca, co-personnage central de l’affaire du baiser forcé de Luis Rubiales, n’a pas été retenue. "Nous sommes avec elle dans tout ce qu'elle traverse. La meilleure façon de la protéger est de ne pas l'appeler", a expliqué l’entraîneure en conférence de presse.

Cette justification a fait sortir de ses gonds la principale intéressée, qui a contre-attaqué dans un communiqué. "Me protéger de quoi, ou de qui?", soulignant que les mêmes personnes qui sollicitent la confiance en la Fédération "publient aujourd'hui une liste de joueuses qui ont demandé à ne pas être convoquées".

Quelle équipe pour le début de la Ligue des nations ?

Alors que les joueuses sont attendues ce mardi à 11h30, qui sera de la partie ? Est-ce que les grévistes briseront la glace et honoreront tant bien que mal leur convocation, tandis que les menaces approchent ? Ou tiendront-elles parole, laissant Montse Tomé dans l’incertitude et l’inconfort le plus total avant le début de la Ligue des nations et les deux rencontres contre la Suède (22/09) et la Suisse (26/09) ? Face à la tempête médiatique, la Fédération Espagnole aurait changé ses plans. Selon la RAC1, la RFEF aurait convoqué les joueuses dans un hôtel de Valence au lieu de Las Rozas, le centre d’entraînement situé au nord de Madrid. Le tout dans le but de détourner l’attention des médias.

Article original publié sur RMC Sport