En Espagne, le potager de l'Europe est au coeur d'une "guerre de l'eau"

En Espagne, la sécheresse menace la production de fruits et légumes, une industrie essentielle pour l'économie du pays. Avec la baisse du débit du fleuve Tage, qui irrigue les terres du Levant, les agriculteurs se retrouvent confrontés à une pénurie d'eau qui pourrait mettre en péril leur activité.

Ses choux, salades et pastèques inondent hiver comme été les supermarchés européens. Mais pour Juan Francisco Abellaneda, agriculteur du sud-est aride de l'Espagne, irrigué depuis des années grâce aux eaux détournées du Tage, tout risque de basculer. Avec les sécheresses à répétition et les énormes besoins des cultures intensives, la donne est sur le point de changer dans cette région quasi-désertique où sont produits près de la moitié des fruits et légumes exportés par l'Espagne, première puissance horticole de l'Union européenne.

Pour lutter contre les effets du réchauffement climatique et la désertification qui menace 75% du pays, le gouvernement de Pedro Sanchez a décidé en février 2023 de limiter les transferts d'eau massifs réalisés du Tage vers les terres agricoles du Levant espagnol. Car dans le même temps, dans le centre du pays, le plus long fleuve de la péninsule ibérique a vu son débit baisser dangereusement - au point que par endroits, l'été, il est possible de traverser à pied son lit transformé en une bande de terre craquelée.

Comme pour le Nil en Egypte ou le Tigre en Irak, l'eau du Tage, qui s'écoule sur un millier de kilomètres dans le centre de l'Espagne pour se jeter dans l'océan Atlantique au Portugal, est devenue une source de tensions. Un conflit exacerbé à l'approche d'élections régionales et législatives, alors que l'agriculture intensive espagnole, pilier économique du pays, voit son modèle remis en cause. "Si on nous enlève (l'eau du Tage), il n'y aura plus ici que le désert", soupire Juan Francisco Abellaneda, propriétaire d'une ferme de 300 hectares près de Murcie.

Canaux, aqueducs et réservoirs

En ce début de printemps anormalement sec, le maraîcher de 47 ans, teint halé et voix rocailleuse, inspecte d'un oeil anxieux ses rangs de brocolis, plantés sur des sillons de terre poussiéreux. Avec ses frères, il exporte 3.000 tonnes de fruits et légumes chaque année. L'activité est florissante, comme pour beaucoup d'agriculteurs de la rég[...]

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