En Espagne, Pedro Sanchez renonce finalement à démissionner du poste de Premier ministre

Soupçonnée de « corruption » et « trafic d’influence », la femme du Premier ministre provoque indirectement une grave crise politique au sommet de l’État espagnol.
PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP Soupçonnée de « corruption » et « trafic d’influence », la femme du Premier ministre provoque indirectement une grave crise politique au sommet de l’État espagnol.

ESPAGNE - Tout un pays a retenu son souffle. Sur fond de possible scandale judiciaire visant la femme de Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol a finalement abandonné l’idée de renoncer au pouvoir. Une annonce faite ce lundi 29 avril par Pedro Sanchez, après cinq jours d’attente et de spéculation au sujet de son avenir politique, qu’il avait lui-même mis en suspens.

En Espagne, Pedro Sanchez le Premier ministre joue son avenir politique ce lundi

Pedro Sanchez s’était en effet donné quelques jours de réflexion, après avoir suspendu de façon inédite toutes ses activités publiques mercredi, jour de l’ouverture par un tribunal de Madrid d’une enquête préliminaire contre sa femme Begoña Gómez pour « corruption » et « trafic d’influence ». Ce qu’il avait presque immédiatement dénoncé dans une longue lettre partagée sur X comme une campagne de déstabilisation orchestrée par « une coalition d’intérêts de droite et d’extrême droite ».

Mais lors de cette prise de parole depuis le palais de la Moncloa, résidence officielle du Premier ministre à Madrid, il a commencé par expliquer que « parfois, la seule façon d’avancer est de s’arrêter ». Avant de finalement confirmer son intention de poursuivre à son poste. « J’ai décidé de rester à la présidence du gouvernement, avec plus de force s’il le faut », a-t-il exprimé, après avoir admis qu’il avait « manifesté un sentiment qui n’est généralement pas admissible en politique ».

Direction le vote de confiance ?

Le Premier ministre a ensuite repris ses accusations contre les « canulars » qui cherchent à « orienter le débat politique ». Le dirigeant socialiste de 52 ans demande au passage un sursaut politique et citoyen qui repose selon lui sur la volonté de choisir « quel type de société nous voulons être » après l’impact de cette « campagne de discrédit » sur la vie politique espagnole, à l’arrêt pendant près de cinq jours dans l’attente de sa décision.

« Cela fait trop longtemps que nous laissons la boue contaminer notre vie publique », a également lancé Pedro Sanchez, faisant ici référence aux origines de l’enquête, ouverte après plainte de l’association Manos limpias, un collectif proche de l’extrême droite qui a depuis reconnu avoir déposé plainte en s’appuyant uniquement sur des articles de presse.

« Je me demandais si cela valait le coup. J’ai la réponse claire. Si nous autorisons les attaques contre des innocents, cela n’en vaut pas la peine. Si nous permettons aux mensonges de remplacer le débat, cela n’en vaut pas la peine », a-t-il ajouté, après avoir confié que les nombreux messages de soutien avaient eu un réel impact sur sa décision de rester. Il est vrai que samedi, des milliers de partisans du chef du gouvernement s’étaient réunis devant le siège du Parti socialiste à Madrid pour lui demander de ne pas quitter son poste.

Son maintien au pouvoir laisse toutefois la porte ouverte à un nouveau coup politique du Premier ministre, qui n’en est pas à son coup d’essai après avoir formé une coalition avec les indépendantistes catalans. Et l’idée que Pedro Sanchez puisse maintenant demander un vote de confiance du Parlement fait doucement son chemin. Une manœuvre qui pourrait lui permettre de renforcer sa position à ce poste en prouvant à l’opposition de droite qu’il reste le capitaine du navire malgré la tempête.

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