En Espagne, Pedro Sanchez le Premier ministre joue son avenir politique ce lundi

Si aucun horaire n’a été précisé à ce stade, le Premier ministre espagnol a annoncé qu’il s’exprimerait ce lundi 29 avril sur son avenir à la tête de l’État.
TERJE PEDERSEN / AFP Si aucun horaire n’a été précisé à ce stade, le Premier ministre espagnol a annoncé qu’il s’exprimerait ce lundi 29 avril sur son avenir à la tête de l’État.

ESPAGNE - Le mandat plus que mouvementé de Pedro Sanchez se poursuit. Mais pour combien de temps ? C’est la question que se posent de nombreux électeurs espagnols depuis le déclenchement d’une nouvelle crise politique d’ampleur en Espagne. Ils sont donc nombreux à attendre la prise de parole ce lundi 29 avril du Premier ministre espagnol, censé annoncer sa démission ou son maintien à la tête du gouvernement.

Espagne : Pedro Sanchez suspend ses activités après l’ouverture d’une enquête contre son épouse

Pour mieux comprendre la situation, avant que Pedro Sanchez ne sorte de son silence à une heure encore inconnue, il faut revenir quelques jours en arrière. Car mercredi dernier, le dirigeant socialiste avait surpris tout le monde en mettant sa démission en jeu après l’annonce par un tribunal madrilène de l’ouverture d’une enquête préliminaire pour trafic d’influence et corruption contre son épouse, Begoña Gómez.

Le Premier ministre avait alors expliqué avoir besoin de prendre un peu de temps pour réfléchir, afin de décider s’il doit « continuer à être à la tête du gouvernement ». Ce qu’il avait expliqué dans une longue lettre publiée sur son compte X.

Depuis, et c’est un fait absolument inédit en Espagne, Pedro Sanchez a suspendu toutes ses activités publiques alors qu’il devait notamment lancer jeudi soir la campagne des régionales du 12 mai en Catalogne, un scrutin à la portée nationale où son Parti socialiste espère chasser les indépendantistes du pouvoir.

Conscient de l’enjeu énorme qui pèse désormais sur ses épaules, Pedro Sanchez avait tenté d’expliquer cette enquête sur son épouse par un nouvel exemple de campagne de déstabilisation orchestré, selon lui, par « une coalition d’intérêts de droite et d’extrême droite ».

« Il s’agit d’une opération de harcèlement et de démolition (...) pour me faire vaciller politiquement et sur le plan personnel en s’attaquant à mon épouse », a-t-il écrit dans sa lettre. Pas suffisant pour attendrir l’opposition, qui se moque désormais de lui, à l’instar d’Alberto Núñez Feijóo, chef du Parti populaire (droite) : « Un chef du gouvernement ne peut pas se donner en spectacle comme un adolescent afin que tout le monde se mette à lui courir après en l’implorant de ne pas partir et de ne pas se fâcher ».

Deux choix pour Sanchez et l’Espagne

L’enquête contre l’épouse de Pedro Sanchez, placée sous le sceau du secret de l’instruction, a été ouverte à la suite d’une plainte de l’association « Manos limpias » (Mains propres), un collectif proche de l’extrême droite. Elle porte en particulier, selon le média en ligne El Confidencial, sur les liens noués par Begoña Gómez avec le groupe Globalia, parrain de la fondation dans laquelle elle travaillait, au moment où Air Europa, compagnie aérienne appartenant à Globalia, négociait avec le gouvernement Sánchez l’obtention d’aides publiques.

Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez, lors d’un évenement à Getafa en juin 2023.
JAVIER SORIANO / AFP Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez, lors d’un évenement à Getafa en juin 2023.

Et cette compagnie a effectivement touché, en novembre 2020, 475 millions d’euros, issus d’un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la pandémie. Mais des dizaines d’autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea…), raison pour laquelle le parquet avait demandé dès jeudi le classement de cette enquête. À ce stade, le juge en charge de l’affaire garde ses intentions secrètes, alors que l’association « Manos limpias » a pourtant reconnu que sa plainte était uniquement basée sur des articles de presse.

En fonction de sa décision, deux choix vont s’offrir à l’Espagne. Une démission surprise provoquerait de nouvelles élections anticipées, moins d’un an après le dernier scrutin. À moins que le parti de Pedro Sanchez, PSOE, décide de soumettre un autre responsable du parti au poste de chef du gouvernement. L’autre possibilité serait le maintien à son poste de Pedro Sanchez. Ce dernier pourrait alors choisir de se soumettre à un vote de confiance. Ce qui serait une manière pour lui de prouver à l’opposition qu’il dispose encore d’un large soutien des députés. Les prochaines heures s’annoncent donc cruciales pour son avenir politique.

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