En Espagne, la culture face au tabou d’ETA

Lors d'une manifestation contre la libération de membres d'ETA, à Madrid en octobre 2013.

Une compagnie de théâtre à fait les frais de la peur encore vivace du groupe terroriste.

On le sait bien : dans nos sociétés postmodernes occidentales, largement déchristianisées, le «sacré» (et ses tabous subséquents) ne s’est pas éteint, il s’est simplement déplacé. Or, s’il est en Espagne un sujet sur lequel il faut éviter de plaisanter, c’est bien le terrorisme d’ETA. Certes, l’organisation armée basque a officiellement cessé la lutte armée en 2011. Mais le souvenir de ses 829 victimes en quatre décennies, la peur panique des bombes-ventouses, des tirs de revolver à bout portant, les menaces et le racket, ont conformé un «cauchemar collectif». Et causé un rejet épidermique dans le pays, présent dans les têtes comme une vilaine blessure. Instrumentalisé par la droite et par des associations de victimes très virulentes, cet «ennemi intérieur» reste recouvert d’un manteau sépulcral. Et gare à qui le déchire !

Deux marionnettistes en ont fait les frais. Membres d’une modeste compagnie théâtrale andalouse, alternative et «antisystème», Raúl García Pérez et Alfonso de la Fuente ont été placés en prison préventive vendredi, jusqu’à nouvel ordre. Leur crime : avoir fait dire à un de leurs personnages «Gora Alka-ETA !», jeu de mots qui revient à dire «Vive ETA et Al-Qaeda». Cette repartie au goût douteux faisait partie d’un spectacle de guignols joué à Madrid dans le cadre du carnaval. On assistait aussi à des assassinats, un viol, on y voyait un juge pendu… Ce qui fait désordre devant un public en majorité composé d’enfants. La maire de Madrid, l’ancienne juge Manuela Carmena, a reconnu les erreurs et montré du doigt son élue en charge de la Culture. La compagnie, de son côté, s’est semble-t-il trompée de public et n’a guère pris de gants.

Aujourd’hui, les projecteurs se braquent sur la question du châtiment. «Peut-on imaginer, dans un pays démocratique, des marionnettistes emprisonnés pour avoir usé de leur liberté d’expression artistique ?» interroge, furieux, le leader (...)

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