Esclavage : les excuses des Pays-Bas pourraient inciter l’Indonésie à se pencher sur sa propre histoire

Dans son discours aux Archives nationales de La Haye, le 19 décembre, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a demandé pardon aux anciennes colonies des Pays-Bas aux Caraïbes : le Suriname, Curaçao, Saint-Martin, Aruba, Bonaire, Saba et Saint-Eustache. Mais, relève le Jakarta Post, l’Indonésie, pourtant une ancienne colonie néerlandaise où l’esclavage était pratiqué, ne figurait pas explicitement sur cette liste. Mark Rutte a simplement mentionné qu’“entre 660 000 et plus de 1 million de personnes […] ont fait l’objet d’un commerce dans les zones sous l’autorité de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales [VOC]”.

Plusieurs historiens indonésiens expliquent cette omission par le fait que, depuis des siècles les rois de Java, de Bali et d’autres royaumes de l’archipel mettaient en esclavage les populations vaincues dans les guerres ethniques. Et ce sont ces esclaves qu’ils vendaient par la suite aux colons néerlandais. “Cette face sombre de notre histoire doit être regardée dans toute sa vérité nue”, plaide Andi Achdian, spécialiste du colonialisme à l’Université nationale d’Indonésie, auprès du Jakarta Post.

Aucun de ces faits n’est de notoriété publique en Indonésie, et la jeune génération ignore tout de ce pan de l’histoire. “Les récits sur la pratique de l’esclavage à l’époque coloniale sont conservés dans les archives nationales qui sont inaccessibles, ce qui signifie que même les chercheurs et les experts n’ont guère de matériel pour travailler”, affirme Bondan Kanumoyoso, doyen de la faculté des sciences culturelles de l’université d’Indonésie.

Le Jakarta Post estime donc que l’Indonésie doit d’abord reconnaître certaines des pages sombres de son histoire avant d’exiger des excuses des Pays-Bas. Cependant, dans un éditorial publié ce jeudi 22 décembre, le journal nuance ses propos :

“L’existence remontant à plusieurs siècles de communautés javanaises en Afrique du Sud et dans des pays aussi éloignés que le Suriname indique que le commerce d’esclaves était on ne peut plus lucratif.”

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