Erdogan et Trump d'accord pour lutter ensemble contre l'EI

ANKARA (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump ont convenu dans un entretien téléphonique nocturne d'agir de concert dans la lutte contre le groupe Etat islamique qui contrôle les villes d'al Bab et de Rakka en Syrie, indique une source présidentielle turque mercredi. Les deux dirigeants ont évoqué la question de l'établissement d'une zone de sécurité en Syrie, celle de la crise des réfugiés et celle de la lutte contre le terrorisme, précise cette source. Erdogan a demandé au président américain de mettre fin au soutien que les Etats-Unis apportent aux miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qu'Ankara accuse d'être une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme une organisation terroriste. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de milices soutenues par les Etats-Unis, ont entamé samedi une nouvelle phase de leur campagne contre le bastion de l'EI à Rakka. La Turquie, qui appartient à l'Otan, a demandé à plusieurs reprises de faire partie de cette opération de reprise de la ville tout en refusant que les milices YPG, membres des FDS, y soient associées. A al Bab, l'armée turque et les rebelles syriens se sont rendus maîtres des faubourgs à l'ouest de l'agglomération mercredi au moment où les forces soutenant le régime de Bachar al Assad s'approchent du théâtre des combats. "Les défenses de l'Etat islamique ont été brisées lors de l'assaut de la nuit dernière et la progression se poursuit", a déclaré un représentant des rebelles turkmènes syriens s'exprimant dans la ville turque de Gaziantep. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a annoncé que les troupes turques et leurs alliés de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient pris possession d'une colline à la périphérie occidentale de la ville. Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, doit se rendre en Turquie jeudi pour évoquer la question des milices YPG ainsi que la lutte contre le réseau du prédicateur turc Fethullah Gülen, qui vit en exil en Pennsylvanie. Recep Erdogan accuse Gülen de diriger un réseau dont les membres ont infiltré l'administration turque et l'armée avec l'intention de renverser le gouvernement. Selon lui, Gülen est l'artisan du coup d'Etat manqué commis en juillet dernier. Le gouvernement turc mène depuis cette date une répression à grande échelle dans l'administration. Plus de 4.400 enseignants, policiers et universitaires supplémentaires ont été limogés pour leurs liens présumés avec cette organisation, annonce un décret publié mardi. Au total, plus de 125.000 personnes ont été démises de leurs fonctions et 44.000 arrêtées depuis le putsch en Turquie. (Tulay Karadeniz; Pierre Sérisier pour le service français)