Erdogan prie Poutine de retenir les forces syriennes à Idlib
ISTANBUL (Reuters) - Recep Tayyip Erdogan a souligné vendredi la nécessité de contrôler les forces gouvernementales syriennes et de mettre fin à la crise humanitaire dans la province d'Idlib, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, a annoncé vendredi la présidence turque.
La pleine mise en œuvre de l'accord russo-turc de "désescalade" conclu en 2018 à Sotchi permettrait de mettre fin aux combats qui s'y déroulent, a ajouté le chef de l'Etat.
Le Kremlin a de son côté fait savoir que Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine avaient convenu d'intensifier les pourparlers au sujet d'Idlib pour désamorcer les tensions et obtenir un cessez-le-feu.
Recep Tayyip Erdogan avait auparavant annoncé qu'Emmanuel Macron et Angela Merkel avaient proposé un sommet à quatre entre la Turquie, la Russie, la France et l'Allemagne mais que Vladimir Poutine n'avait pas encore répondu.
Il a répété que la Turquie ne retirerait pas ses troupes de la région d'Idlib, où les forces gouvernementales syriennes mènent avec l'appui militaire de la Russie une offensive contre les dernières positions rebelles.
Dans un communiqué, l'Elysée indique que le chef de l'Etat français et la chancelière allemande "sont convenus que la crise exigeait une solution politique".
"Dans cette perspective, ils ont estimé nécessaire de se réunir rapidement, dans un format quadrilatéral, avec le président Poutine", ajoute la présidence.
La Turquie, qui a accueilli 3,7 millions de réfugiés depuis le début du conflit syrien, redoute un nouvel afflux et exige le retrait des forces syriennes engagées dans la province avant la fin du mois. Erdogan a promis mercredi une intervention militaire imminente pour mettre fin à l'offensive gouvernementale.
Le secrétaire général des Nations Unies a quant à lui lancé vendredi un appel à un cessez-le-feu immédiat "pour mettre fin à la catastrophe humanitaire" et "éviter une escalade incontrôlable".
"Pendant près d'un an, nous avons vu une série d'offensives au sol du gouvernement syrien soutenues par des frappes aériennes russes. Ce mois-ci, il y a eu des affrontements meurtriers répétés entre les forces gouvernementales turques et syriennes", a déploré Antonio Guterres.
"Ce cauchemar humanitaire créé par l'homme pour le peuple syrien qui souffre depuis longtemps doit cesser. Il doit cesser maintenant", a-t-il déclaré à la presse à New York.
Selon l'Onu, l'offensive de l'armée syrienne dans la province d'Idlib a fait 900.000 déplacés depuis décembre.
(Ezgi Erkoyun avec Michelle Nichols à New York, Maria Tsvetkova à Moscou; version française Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief)