L'épouse d'un diplomate américain protégée par son immunité après avoir tué un jeune britannique

Charlotte Charles, la mère d'Harry Dunn, et son mari (Photo by DANIEL LEAL-OLIVAS/AFP via Getty Images)
Charlotte Charles, la mère d'Harry Dunn, et son mari (Photo by DANIEL LEAL-OLIVAS/AFP via Getty Images)

Anne Sacoolas est la femme d’un diplomate américain. En 2019, ce dernier était en poste en Grande-Bretagne quand Mme Sacoolas a percuté et tué un jeune Britannique alors qu’elle roulait du mauvais côté de la route. Elle a fui aux États-Unis. Elle n’a jamais été jugée.

Tim Dunn et Charlotte Charles ont promis : ils ne lâcheront rien pour mettre Anne Sacoolas face à ses responsabilités. Mais les parents d’Harry Dunn doivent aujourd’hui faire face à une décision difficile. Alors qu’ils avaient déposé un recours contre le ministère des Affaires étrangères anglais pour avoir abusivement octroyé l’immunité diplomatique à l’Américaine, ils ont été déboutés de leur action.

Immunité et tensions diplomatiques

Le 27 août 2019, Harry Dunn circulait à moto dans les environs d’une base américaine du centre de l’Angleterre lorsqu’il est percuté de plein fouet par une voiture roulant à contre-sens. Au volant, Anne Sacoolas, ancien agent de la CIA et épouse de Jonathon Sacoolas, employé de la base américaine, quitte rapidement les lieux de l’accident sans alerter la police ou les secours. Puis elle s’envole pour les États-Unis, qui ne répondront jamais favorablement à la demande d’extradition formulée par la Grande-Bretagne pour permettre à la justice de juger Mme Sacoolas.

L’affaire sera au coeur de tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Un tribunal de la banlieue de Washington DC est saisi, mais il rejette la demande des parents d’Harry Dunn sur le fondement de l’immunité diplomatique. Une immunité diplomatique aujourd’hui validée, à contre-coeur, par les juges de la Haute Cour de Londres.

“Personne ne se mettre sur notre route”

“Notre conclusion est que Mme Sacoolas jouissait de l'immunité de juridiction pénale au moment de la mort de Harry”, écrivent-ils dans leur arrêt. “Nous n'aboutissons pas à cette conclusion avec enthousiasme […], mais elle s'impose”, expliquent-ils, invoquant la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. De son côté, Dominic Rabb, le chef de la diplomatie britannique, a commenté la décision dans un communiqué : “Cet arrêt établit clairement que le ministère des Affaires étrangères a tout du long agi adéquatement et légalement, mais je comprends que cela n'apportera aucun réconfort à la famille dans sa quête de justice.”

Fin de l’histoire ? Pas si sûr. Car les parents assurent que Mme Sacoolas a, malgré tout, été placée sur la liste rouge d’Interpol. Quant à eux, ils n’en auront jamais fini avec cette histoire avant qu’Anne Sacoolas soit traduite devant les tribunaux, à la manière de n’importe quel citoyen : “J'ai promis à mon garçon que je lui obtiendrais justice et c'est ce que nous allons faire. Personne ne se mettra sur notre route”, a réagi Charlotte Charles auprès de l'agence Press Association.