Entre les Terriens et leur étoile, une histoire d'amour à éclipses

Auxiliaire médical, le Soleil est, au fil du temps, fortifiant, dissipateur de miasmes ou antituberculeux. Marqueur social, le hâle qu'il laisse sur la peau dénonce l'humble condition du paysan puis la richesse du vacancier bourgeois. Avant, aujourd'hui, de susciter la crainte.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°214 daté juillet/ septembre 2023.

"Soleil, Soleil, j’irai où tu iras. Fais-moi, Soleil, tout ce que tu voudras", chantait Dalida en 1984. Serions-nous aussi enthousiastes aujourd’hui, à l’heure des messages de prévention sur les dangers de l’exposition solaire et du réchauffement climatique ? Et les civilisations du passé auraient-elles joint leurs voix à celle de Dalida ? Cicéron peut-être… Dans ses "Tusculanes", dialogues philosophiques écrits en 45 avant J.-C. , l'homme d'État romain vante les vertus de l'apricatio, autrement dit du bain de Soleil, qui fortifie l'individu et l'aide à lutter contre les déséquilibres des humeurs - sang, phlegme, bile jaune, bile noire, correspondant chacune à une qualité physique : chaud, froid, sec, humide. Selon une vision élaborée notamment par le médecin Hippocrate au tournant des 5e et 4e siècles avant notre ère, l'équilibre des humeurs assure en effet la santé du corps comme de l'âme. Cent cinquante ans après Cicéron, Pline le Jeune raconte comment son oncle Pline l'Ancien aimait s'étendre au soleil pour lire.

Ces hommes mûrs cherchaient ainsi à compenser les effets de l'âge en réchauffant leur corps afin de lutter contre un excès de bile noire lui insufflant froid et sécheresse. Car, selon les préceptes médicaux de l'Antiquité, le corps se refroidit avec les années - Hippocrate n'écrivait pas autre chose quand il évoquait la chaleur innée dans l'un de ses traités, "De la nature de l'homme" : "Chez l'homme, en effet, il faut bien le savoir, le maximum de la chaleur est au premier jour de l'existence, le minimum au dernier."

Massage au Soleil pour personnes robustes

Voilà pourquoi les massages et les onctions doivent toujours être prodigués au Soleil. C'est du moins la recommandation émise par Celse, médecin romain contemporain de Pline le Jeune. Mais ces préconisations ne concernent que la personne robuste. Celse insiste : le Soleil exerce sur le corp[...]

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