Claire Stavaux, entre en scène

Dans un univers encore majoritairement masculin, la jeune femme a repris l’historique maison d’édition de L’Arche à seulement 32 ans.

«Ça n’a jamais été prévu.» Chaque fois que je pose une question sur son parcours aux abords classiques (prépa, Normale Sup, agrégation, thèse inachevée - que nous avons menée côte à côte), elle répond en évoquant ce qu’elle aurait voulu faire à la place : devenir comédienne à Berlin («me teindre les cheveux en rouge, tout ce que tu veux de cliché»), ou étudier la céramique grecque(«des scènes orgiaques ou d’une violence inouïe qui sont les premières œuvres d’art et à la fois des objets du quotidien»). C’est, à chaque étape, le sentiment qu’elle aurait pu être tout à fait ailleurs que là où elle se trouvait et que cette simple possibilité n’était pas loin de signifier qu’elle aurait dû être ailleurs. Jusqu’à l’arrivée à L’Arche où, pour la première fois, elle a la certitude «d’être à sa place». Ça n’a jamais été prévu qu’elle reprenne une maison d’édition spécialisée dans le théâtre : elle a grandi en ignorant leur existence. Son entourage lui demande souvent : «Comment ça va, avec la librairie ?»

C’est sa grand-mère, infirmière scolaire, et non ses parents divorcés, mère infirmière, père ingénieur informaticien, qui l’élève à Marseille. Elle lui transmet le goût de la littérature, lui apprend deux vers par jour.

Claire découvre l’allemand grâce aux rétrospectives du cinéma art et essai du quartier de la Vieille Charité. Quant au théâtre, c’est une passion précoce, «mais pour ma grand-mère, comédienne, ça voulait dire qu’on allait me mettre nue sur scène. C’était hors de question». Après avoir commencé sa prépa lettres à Marseille, elle la poursuit à Paris, au lycée Condorcet, où le sentiment de ne pas être à sa place culmine : issue des classes moyennes, elle évoque «la reproduction du même» chez cette jeunesse des rallyes «alors que moi, je ne savais même pas ce que ça voulait dire», les rires quand elle prend la parole avec son accent (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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