Entre les pays d’Europe centrale et l’Ukraine, fini le romantisme

Au fil des mois, à l’approche des scrutins, le soutien à l’Ukraine est devenu un thème électoral toujours plus important en Slovaquie et en Pologne. Les Slovaques se rendront aux urnes le 30 septembre et le favori, l’ancien Premier ministre Robert Fico, marque des points en promettant de cesser les livraisons d’armes au pays voisin. De même, en Pologne, où l’on votera le 15 octobre, le consensus social et le consensus politique sur l’aide à l’Ukraine commencent à s’effriter puisque le troisième parti le plus populaire, Confédération, remet celle-ci en question. Or, il est peu probable que le prochain gouvernement polonais puisse être formé sans ce mouvement nationaliste et libertarien.

La question des relations avec l’Ukraine a été abordée dans de nombreuses discussions lors du Forum économique de Karpacz, l’une des plus grandes conférences économiques et politiques organisées en Europe centrale et de l’Est, qui s’est déroulée, au début de septembre, du côté polonais des monts des Géants (chaîne de montagnes constituant la frontière polono-tchèque). En Pologne peut-être plus que partout ailleurs, on se préoccupe concrètement des implications d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (UE), par exemple.

La pression exercée par les agriculteurs polonais pour interdire les importations de céréales ukrainiennes est l’une des manifestations les plus visibles et audibles des craintes ou de l’incertitude croissantes quant à ce qui se passera lorsque les Ukrainiens auront vaincu l’agresseur russe et négocieront les conditions de leur intégration dans l’UE avec le même acharnement et la même détermination qu’ils exigent de l’aide militaire. Il semble que ce soit précisément en raison de cette interdiction qu’aucun homme politique ukrainien ne s’est rendu à Karpacz, alors que le milieu des affaires et les groupes de réflexion, eux, y étaient représentés en nombre.

Le plombier ukrainien succédera-t-il au plombier polonais ?

Les difficultés rencontrées en Pologne et en Slovaquie ne sont peut-être qu’un pâle prélude à ce qui pourrait se produire dans des pays comme la France et l’Allemagne autour des négociations sur l’adhésion de l’Ukraine, lorsque des questions très concrètes telles que les subventions agricoles seront abordées. Kiev s’attend plus ou moins automatiquement à ce que l’UE lance les négociations sur son adhésion lors du sommet qui se tiendra en décembre, de la même manière que l’Occident s’est mis à fournir des armes et a rapidement fait de l’Ukraine (et de la Moldavie) des pays candidats à l’adhésion. Toutefois, les Ukrainiens ne semblent guère disposés à comprendre que l’UE doive au préalable entreprendre un processus de réforme interne. Autrement dit, pour pouvoir accepter l’Ukraine, l’Union doit d’abord se transformer en profondeur.

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