Entre le Niger et la France, des positions irréconciliables ?

Les nouveaux maîtres du Niger [depuis le coup d’État du 26 juillet] ont donné [le 25 août] quarante-huit heures à l’ambassadeur de France à Niamey pour quitter le pays. Cette brusque montée d’adrénaline dans des relations déjà très tendues entre les deux États depuis le putsch qui a mis fin au pouvoir du président Mohamed Bazoum, aux dires des autorités du régime militaire, est liée au fait que Sylvain Itté a refusé, entre autres, de répondre à un entretien organisé par le ministère des Affaires étrangères nigérien. Paris a aussitôt réagi en déniant toute légitimité aux putschistes à déclarer son représentant persona non grata au Niger. [L’ultimatum a expiré le 27 août sans que l’ambassadeur n’ait quitté le pays.]

Cela dit, en attendant de connaître le vainqueur de cette crise dans la crise, l’on peut se demander ce que gagnent les deux parties dans ce bras de fer. Pour Paris, cet épisode est l’occasion de rappeler sa fermeté de départ depuis le coup d’État : la France ne reconnaît pas le nouveau régime. Et derrière cette posture se joue la question des intérêts français.

“La France joue sa survie”

En effet, au-delà de la présence des troupes françaises de l’opération Barkhane rapatriées du Mali, il y a l’épineuse question de la sécurité énergétique française liée à l’exploitation de l’uranium nigérien dans un contexte international marqué par la crise ukrainienne avec son corollaire, la fermeture du robinet du gaz et du pétrole russes.

L’enjeu, c’est aussi la problématique de la présence française au Sahel, dans le nouveau contexte de regain d’intérêt pour l’Afrique, de nouveaux concurrents comme la Russie, la Chine, l’Iran et la Turquie. La France joue sa survie et on comprend qu’elle ne veuille pas se laisser conduire à l’abattoir comme un mouton de sacrifice.

Côté nigérien, ce nouveau pic permet de galvaniser la rue en alimentant le sentiment antifrançais, qui est aujourd’hui la recette politique la plus rentable en Afrique de l’Ouest, après les accusations portées contre l’Hexagone de soutenir les groupes armés terroristes et de piller les ressources du continent.

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