Entre l’Autriche et la Bulgarie, la guerre des contrôles douaniers

“Quel est le lien entre le veto de l’Autriche sur le dossier Schengen et des paquets de lessive ?” C’est avec cette étrange devinette que le journal autrichien Die Presse aborde les tensions géopolitiques qui opposent Vienne à Sofia en ce début d’année.

La question de l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen est au cœur de la politique étrangère autrichienne. Après de nombreux atermoiements, la république des Alpes a accepté, à la fin de décembre, d’intégrer partiellement les deux pays au sein de l’espace européen de libre circulation. Mais uniquement sur les plans aérien et maritime.

L’ouverture des frontières terrestres avec ces deux pays reste inenvisageable pour l’Autriche sans davantage de surveillance aux bordures extérieures de Schengen. Pour lever son veto, le pays demande aussi un renforcement sur les sols bulgare et roumain de l’action de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières.

Représailles douanières

“Les conséquences absurdes et les contradictions de cette position sont apparues clairement au début de l’année”, commente le titre conservateur viennois, visiblement peu convaincu par la stratégie diplomatique du gouvernement du chancelier de droite, Karl Nehammer.

En guise de “représailles” au veto autrichien, la Bulgarie a décidé d’appliquer à la lettre les demandes de Vienne, et d’intensifier les contrôles des importations autrichiennes. Résultat : 1 500 kilos de lessive ont été saisis après avoir été mal déclarés à la douane, tout comme 5 429 produits électroniques ou encore 800 litres d’huile de moteur. Dans les six premiers jours de l’année, il y aurait eu plus de 7 200 contrôles.

Face à ces chiffres, Die Presse s’interroge sur le bien-fondé de la position de l’Autriche dans ce dossier. Et sur son coût économique pour le pays, privé par la police des frontières bulgares d’environ 61 000 biens venus de l’étranger.

À l’avenir, les échanges avec la Bulgarie et la Roumanie pourraient même se compliquer davantage. “Les deux pays remplissent désormais les conditions demandées par la Commission européenne [pour intégrer Schengen]”, explique le titre. Mais “ils se sentent discriminés par l’Autriche, et ont l’impression qu’on les utilise dans le but de durcir la politique migratoire européenne”. Et ils n’ont peut-être pas totalement tort.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :