Entre la France et le Maroc, une rencontre Stéphane Séjourné - Nasser Bourita pour réchauffer les relations

Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue français Stéphane Sejourné lors d’une réunion à Rabat le 26 février 2024.
FADEL SENNA / AFP Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue français Stéphane Sejourné lors d’une réunion à Rabat le 26 février 2024.

INTERNATIONAL - « Un nouveau chapitre dans notre relation ». En déplacement à Rabat ce lundi 26 février, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a tenu une conférence de presse aux côtés de son homologue marocain, Nasser Bourita. Après une période de relations diplomatiques gelées, le chef de la diplomatie française a assuré le soutien « clair et constant » de Paris au plan d’autonomie marocain du Sahara occidental.

Ce plan est actuellement présenté comme la « cause nationale » du Maroc. Le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. L’ONU considère qu’il s’agit d’un « territoire non autonome ».

« C’est un enjeu existentiel pour le Maroc. Nous le savons » a déclaré Stéphane Séjourné, interrogé à ce sujet. « Nous l’avons dit et je le redis aujourd’hui peut-être avec plus de force : il est désormais temps d’avancer. J’y veillerai personnellement », a-t-il encore dit.

Le ministre français a ainsi assuré vouloir « accompagner le développement » de cette région, « en appui des efforts marocains ». Il a ajouté : « le Maroc a beaucoup investi dans les projets de développement au bénéfice des populations locales et en matière de formation, d’énergies renouvelables, de tourisme, d’économie bleue liées aux ressources aquatiques ».

« La France est un partenaire distingué du Maroc sur les plans politiques, économique et humanitaire », a pour sa part noté le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.

Après une série de crises diplomatiques entre le Maroc et la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine, la visite de Stéphane Séjourné à Rabat portait l’objectif d’« ouvrir un nouveau chapitre » entre les deux pays, comme l’a indiqué le ministre sur son compte X (ex-Twitter).

À Rabat, la décision française, en septembre 2021, de réduire de moitié l’octroi des visas aux Marocains avait été particulièrement décriée. De plus, la politique de rapprochement avec l’Algérie voulue par Emmanuel Macron, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat, avait irrité le Maroc au plus haut point.

Des crises diplomatiques à répétition entre Paris et Rabat

Côté français, on n’avait guère apprécié les révélations du consortium de médias Forbidden Stories, selon lesquelles des numéros de téléphone d’Emmanuel Macron et de ministres avaient été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus. Rabat a démenti. Un vote du Parlement européen en janvier 2023 condamnant la dégradation de la liberté de la presse au Maroc avait ajouté aux tensions diplomatiques.

En septembre, une nouvelle polémique était née lorsque la France avait proposé son aide au Maroc, frappé par un tremblement de terre, aide que Rabat avait ignorée. Les relations semblaient alors dans l’impasse, avant que l’ambassadeur français au Maroc ne fasse en novembre un mea culpa public et qu’une ambassadrice du Maroc en France soit nommée après des mois de vacance, lançant ainsi une période de dégel.

Ce lundi, le chef de la diplomatie française a proposé un partenariat « d’avant-garde » pour les 30 ans à venir avec le Maroc, devant porter notamment sur les énergies renouvelables, la formation et « le développement de nouveaux écosystèmes industriels innovants ». Lundi dernier, Brigitte Macron avait quant à elle accueilli à l’Élysée les sœurs du roi du Maroc Mohammed VI, un geste particulièrement apprécié au Maroc.

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