"Ensauvagement": droite et extrême droite s'emparent des divergences entre Dupond-Moretti et Darmanin

Eric Dupond-Moretti lors de sa première séance de questions à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Eric Dupond-Moretti lors de sa première séance de questions à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Gérald Darmanin avait employé le terme dès le 24 juillet dernier. Il "faut stopper l'ensauvagement d'une partie de la société", avait déclaré le ministre de l'Intérieur, pointant une montée de violences.

Un terme que le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avait à l'époque refusé de reprendre à son compte, indiquant ne pas se sentir "à l'aise" avec. Ce mardi, le ministre de la Justice est allé plus loin sur Europe 1, en récusant vertement ce vocable.

"L'ensauvagement, c'est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité", a-t-il estimé. Or "pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité" qui est "de l'ordre du fantasme" et est nourri par "les difficultés économiques" et "certains médias", a-t-il poursuivi, dénonçant une "surenchère populiste" après des critiques formulées par la droite et l'extrême droite au cours du week-end, après le meurtre et le viol d'une adolescente perpétrés par un multirécidiviste, à Nantes.

"Il faut s'adresser à l'intelligence des Français et pas à leurs bas instincts", a ajouté l'ancien pénaliste.

Réactions à droite et à l'extrême droite

Cette divergence de vue entre deux ministres régaliens d'un même gouvernement n'a pas échappé à l'opposition de droite et d'extrême droite.

"En qualifiant de 'populiste' toute voix qui s'élève contre la montée de l'insécurité, (Éric Dupond-Moretti) met ses pas dans ceux de MM Belloubet et Taubira. La politique pénale mérite mieux que ces diversions pour cacher un bilan désastreux", a fustigé sur Twitter le chef de file des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau.

Dans un précédent tweet, il plaidait pour "une révolution pénale", qu'il a opposée à "des coups de menton dans les médias".

"Pour M. Dupond-Moretti, le sentiment d'insécurité est un 'fantasme' et en parler revient à s'adresser aux 'bas instincts' des Français. Les tweets de M. Darmanin cachent mal la réalité: une politique laxiste, déconnectée et méprisante envers les Français", a réagi quant à elle Marine Le Pen, sur Twitter également.

"Un été Orange Mécanique", pour Xavier Bertrand

"Pour moi, Dupond-Moretti est à la fois en mission commandée pour dédramatiser une situation, et de surcroît, il est aussi en mission commandée parce que j'ai noté dans son interview (sur Europe 1, NDLR) qu'il s'en prenait à Xavier Bertrand. Xavier Bertrand qui a déclaré qu'il fallait revenir aux peines planchers. Ca veut bien dire une chose, que ce gouvernement, et en l'occurrence Dupond-Moretti, sont bien déjà dans la campagne pour la présidentielle", a réagi sur notre antenne le député LR de l'Aisne Julien Dive, proche du président de la région Hauts-de-France.

Jeudi, Xavier Bertrand, longtemps proche de l'ancien membre des Républicains Gérald Darmanin, avait également dénoncé sur BFMTV "un été Orange Mécanique, avec une violence gratuite qui nous a tous marqués".

"La rémission des crimes c'est l'élection de Marine Le Pen? Ou de M. Bertrand? En ticket peut-être? Ils disent la même chose", a taclé Éric Dupond Moretti sur Europe 1 ce mardi matin.

Le néologisme "ensauvagement" avait été popularisé par l'essayiste Laurent Obertone dans un essai paru en 2013, intitulé La France Orange Mécanique, salué par des personnalités telles que Marine Le Pen ou encore Marion Maréchal.

Article original publié sur BFMTV.com