Enlèvement d'Eya: pourquoi l'alerte a-t-elle été levée alors que l'enfant n'a pas été retrouvée?

Violemment enlevée par son père et un complice, jeudi matin en Isère, la petite Eya, âgée de 10 ans, n'a toujours pas été retrouvée. Pourtant, les autorités ont décidé de lever, ce vendredi matin, l'alerte enlèvement, déclenchée jeudi soir.

"Sur décision du parquet de Grenoble, il est mis fin à l'alerte enlèvement. L'enfant n'a pas été retrouvée. Les recherches se poursuivent", peut-on lire sur le site du ministère de la Justice.

"L'enquête se poursuit bien évidemment, Eya n'étant pas encore été retrouvée", a indiqué, de son côté, le procureur de Grenoble Éric Vaillant dans un communiqué, précisant que les enquêteurs avaient reçu "environ 70 messages dont certains sont encore en cours d'exploitation".

Quatre critères précis

C'est le procureur de la République territorialement compétent qui décide du déclenchement et de la levée d'une alerte enlèvement, "en étroite concertation avec les enquêteurs et après consultation du ministère de la Justice", explique le site internet dédié.

Pour déclencher ce dispositif, crée en 2006, il faut réunir quatre critères: que l'enlèvement soit avéré, que la victime soit mineure, que son intégrité physique soit en danger et que la diffusion de l’alerte puisse permettre à la localisation de l’enfant et/ou de son ravisseur. Néanmoins, si le procureur de la République estime que cette alerte peut mettre en danger la vie de l'enfant, il peut décider de ne pas la déclencher, même si les critères sont réunis.

Ce dispositif est prévu pour être diffusé toutes les 15 minutes pendant trois heures par les partenaires comme les médias, les transports ou les autoroutes. Évidemment, l'alerte est immédiatement levée lorsque l’enfant est retrouvé.

La piste d'un départ à l'étranger

Si l'alerte a été levée, ce vendredi matin, c'est qu'un ou plusieurs des critères n'est plus d'actualité. Les enquêteurs peuvent avoir recueilli assez d'éléments pour localiser Eya, ne plus la considérer comme en danger ou, à l'inverse, estimer que la diffusion de l'alerte peut nuire à son intégrité physique.

À ce stade, les enquêteurs s'orientent vers la piste d'un départ à l'étranger: "Les éléments en notre possession laissent penser que le père, son complice et l'enfant sont maintenant à l'étranger", a indiqué le procureur de Grenoble Éric Vaillant dans un communiqué. "Les pays de destination possibles sont évidemment la Suède et la Tunisie", a-t-il ajouté, ces deux pays correspondant à la double nationalité du père, âgé de 53 ans.

Les services de police européens, ainsi que les magistrats de liaison français dans les pays où le père pourrait se rendre restent en alerte, a fait savoir le procureur. Une enquête judiciaire va être ouverte pour obtenir la délivrance des mandats d'arrêt.

Article original publié sur BFMTV.com