"Un enjeu de santé publique": la vente de médicaments à la sauvette prend de l'ampleur en Île-de-France

Des anticancéreux, des antidiabétiques ou encore des médicaments contre l'épilepsie sont vendus illégalement à la sauvette dans la capitale. Résultat: certains produits se retrouvent en tension d'approvisionnement.

"Lyrica! Lyrica!" Le trafic de cigarettes à la sauvette n'est plus le seul à prospérer près de la station de métro Barbès-Rochechouart dans le 18e arrondissement de Paris. Depuis plusieurs années, le trafic de médicaments prend aussi de l'ampleur.

En conséquence, les polices nationale et municipale sont quotidiennement sur le terrain pour l'endiguer selon Kévin Havet, adjoint PS au maire du 18e arrondissement de Paris en charge de la sécurité.

"Il y a trois sources principalement sur ce deal-là: il y a des usines, où des salariés retirent directement ces marchandises, également des ordonnances falsifiées et puis également parfois, plus marginalement, des médecins ou des pharmaciens sont complices" explique-t-il au micro de BFMTV, précisant que ce trafic sévit dans toute l'Île-de-France.

Des médicaments en tension d'approvisionnement

Parmi les médicaments qu'il est facile de se procurer se trouvent notamment des anticancéreux, qui sont très onéreux, des antidiabétiques, ou encore le Lyrica. Ce médicament est utilisé dans le traitement de douleurs neuropathiques ou l'épilepsie.

S'il est recherché, c'est parce qu'il peut procurer des effets ressemblants à ceux provoqués par certaines drogues, selon Bruno Maleine, président du Conseil central des pharmaciens titulaires d'officine. Vendu une vingtaine d'euros sur prescription en pharmacie, il est possible d'en trouver pour seulement cinq euros dans la rue.

"Le danger, c'est que ça met en tension d'approvisionnement, voire en rupture (de stock) ces médicaments qui sont indispensables pour les patients qui sont traités donc il y a vraiment un enjeu de santé publique", pointe Bruno Maleine.

Un trafic sous-estimé

En Île-de-France, le trafic illégal de médicaments représentait 7,6 millions d'euros de préjucide pour l'assurance maladie en 2023, et 8,5 millions d'euros en 2022. Un chiffre "sous-estimé" pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Pour limiter ce trafic, il plaide notamment pour la mise en place d'ordonnances numériques, avec "un code unique infalsifiable", empêchant l'utilisation de fausses ordonnances.

Article original publié sur BFMTV.com

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