Enfin un vrai chef à l’ONU

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Antonio Guterres devient le nouveau secrétaire général de l’ONU. Enfin une bonne nouvelle.

Un patron, un vrai. Voilà comment résumer Antonio Guterres, nouveau secrétaire général de l’ONU. Entendons-nous. On parle de l’ONU. Un lieu feutré où l’on s’affronte entre diplomates, c’est-à-dire avec retenue. N’attendez donc pas un petit Bonaparte pour diriger le grand bâtiment de verre de New York. Mais quand même, on se prend à espérer de voir une véritable incarnation de cette institution, et surtout un leadership.

Le contraire d’un Ban Ki-Moon

La première des qualités de Guterres est d’avoir été Premier ministre dans son pays, le Portugal. Pour la première fois, le secrétaire général aura l’expérience du pouvoir exécutif. Un homme qui a dirigé, tranché, ordonné voulu. Un homme qui a l’expérience du rapport de force politique, du bras de fer. Un homme qui sait que l’autorité est nécessaire en politique. Un homme qui n’aura pas peur. En somme, le contraire d’un Ban Ki-Moon que certains surnommaient “l’homme invisible” à l’ONU, tant sa discrétion confinait à l’effacement.

Une autorité indispensable pour que cette institution ne soit pas seulement une annexe, une salle de réunion des 5 grands de la planète. Les 5 membres du conseil de sécurité : USA, Russie, Chine France et Grande Bretagne. L’ONU ne peut fonctionner que si les 5 sont d’accord. C’est une obligation. Si l’un d’entre eux dit non, met son veto, alors tout est bloqué. Américains et Russes sont contraints de trouver des terrains d’entente. Et pour cela, il faut quand les crises s’installent, que le secrétaire générale ait l’autorité pour leur rappeler qu’il est de leur responsabilité de parler et de trouver un compromis. Qu’il ose rappeler à “ses patrons” leurs devoirs.

Une expérience bien nécessaire

L’autre qualité est de connaitre l’ONU. Guterres a été haut-commissaire aux réfugiés aux Nations unies. 10 ans à parcourir le monde de crise en crise, de guerre en guerre, en ramenant un peu de boue et de poussière sur ses chaussures. Qu’ils soient refugiés de guerre, refugiés climatiques ou économiques, la question des mouvements de populations sera le grand défi de la planète pour les 50 années à venir, et donc celui de l’ONU.

Sans compter qu’au milieu de toutes les agences de l’Onu mieux vaut connaitre la machine pour la faire fonctionner. PNUD (développement), PAM (aide alimentaire), HCR (réfugiés), Unesco (culture), ONUDC (drogue), UNFPA (démographie), PNUE (environnement) ONU-Femmes, ONU-Habitat, FMI (finances), Banque mondiale, FAO et FIDA (agriculture), ONU-Sida et j’en oublie volontairement une dizaine : ce sont des milliards de dollars de budget qui méritent d’être coordonnés pour éviter que l’argent ne s’évapore. Lors de son passage au HCR à Genève, Guterres rationalisé et réduit le budget de fonctionnement. Une ligne à son CV qui n’aura surement pas échappé aux USA qui fournissent 25% du budget de l’ONU (Au passage, la France tout comme la Chine contribue à hauteur de 5 %). Voilà donc un homme d’action qui entre en fonction. Ça pourrait secouer un peu à l’ONU !