Energie noire : Euclid va enquêter sur l’expansion de l’Univers

Pendant six ans, l'observatoire spatial de l'ESA va scruter près de deux milliards de galaxies. Une énorme moisson d'images qui devrait permettre de comprendre où et comment l'Univers accélère son expansion.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°925, daté mars 2024.

Sommes-nous à l'aube d'un renversement de perspective cosmologique ? À un passage de gué cognitif semblable à celui qui nous a menés d'un système où la Terre était le centre de l'Univers vers celui qui a mis le Soleil au milieu de l'échiquier ? "La période est scientifiquement embarrassante, reconnaît Guiseppe Racca, directeur du programme Euclid à l'Agence spatiale européenne (ESA) . Nous savons aujourd'hui que 95 % de la composition de l'Univers nous sont inconnus. "

Les découvertes des dernières décennies ont montré en effet que celui-ci est composé à seulement 5 % de matière ordinaire, d'atomes qui composent notre corps, notre environnement et l'Univers connu. Le reste du cosmos est dominé à 68 % par l'énergie noire et à 27 % par la matière noire : deux composantes dont nous ne savons quasiment rien.

"Les observations spatiales relèvent des tensions à tous les échelons du modèle de gravité générale, souligne David Elbaz, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), à Saclay (Essonne). C'est un cauchemar : notre modèle de gravité semble cassé, gouverné à 90 % par des baryons noirs ! Pourtant toutes les observations valident la théorie de la relativité générale d'Einstein. Notre objectif est d'aller au-delà de la pensée d'Einstein. Avec Euclid, nous nous lançons dans l'inconnu. "

Lancé le 1er juillet 2023, le satellite européen, qui porte le nom du père antique de la géométrie, doit permettre de découvrir de nouvelles voies de compréhension de l'Univers. Il a d'abord rejoint le point de Lagrange L2, une région de l'espace à 1,5 million de kilomètres de la Terre qui lui offre une vue complète du ciel, loin des influences gravitationnelles de la Terre, du Soleil ou de la Lune. Après une première période de tests et de calibrage des instruments, Euclid a commencé sa mission scientifique en février. Un moment capital pour les équipes, [...]

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