Affections gynécologiques : des molécules à l’origine d’un nouveau scandale sanitaire en France ?

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Des progestatifs, tels que le Lutéran et le Lutényl, prescrits dans certaines affections gynécologiques seraient l’origine de tumeurs au cerveau chez certaines femmes. Des procédures judiciaires sont en cours.

Après le Mediator et la Dépakine, est-ce un nouveau scandale sanitaire en France ? La question est posée par La Dépêche ce lundi. Plusieurs femmes expliquent avoir subi de lourds effets secondaires après la prise des molécules censées régler leurs problèmes gynécologiques tels que l’endométriose et les troubles menstruels. Des procédures judiciaires sont en cours depuis avril 2019. "Il y a eu un défaut d’information des patientes, alors que les laboratoires et les autorités de santé connaissaient les risques depuis le milieu des années 90", estime Me Joseph-Oudin dans les colonnes du quotidien.

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Un manque d’informations des patientes

Emmanuelle Choussy, l’une des plaignantes, explique à France 3 Occitanie avoir pris du Lutényl, une pilule contraceptive à base de progestérone, pendant 18 ans avant de découvrir qu’elle avait une tumeur au cerveau de 7 cm. "Il y a beaucoup de gynécologues qui continuent à prescrire la molécule et j'en veux aussi à ma pharmacienne à qui j'ai essayé d'en parler qui n'était pas au courant, à tous ces généralistes que j'ai consultés pendant des années pour mes migraines qui jamais n'ont trouvé judicieux de me faire passer une IRM de contrôle", dénonce-t-elle.

Pourtant, une vaste étude épidémiologique a montré que des molécules cousines à l’acétate de nomégestrol et au chlormadinone, le Lutényl et le Lutéran, comportaient bien des risques pour les femmes. Pris sur plus de six mois, ces traitements exposent à un risque 3,3 fois plus élevé de développer un méningiome (une tumeur des méninges, qui enveloppent le cerveau). Ce risque peut être multiplié par 12 en fonction de la durée du traitement, de la dose utilisée et de l’âge de la patiente, souligne La Dépêche.

Une réévaluation européenne en cours

L’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) argue le fait que les cas de méningiome concernent 1 patiente sur 1000. "Généralement, un méningiome ne modifie pas l’espérance de vie", assure de son côté le professeur Franck-Emmanuel Roux, chef de service du pôle neurosciences au CHU de Toulouse. Mais la qualité de vies des patientes peut être altérée.

Le comité de pharmacovigilance (Prac) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a initié une réévaluation du bénéfice/risque des médicaments à base de nomégestrol et chlormadinone. Avant les résultats, l’ANSM a mis des mesures en place et déconseille ces molécules quand le rapport bénéfice/risque est défavorable, c’est-à-dire pour les symptômes liés à la ménopause, aux irrégularités du cycle menstruel, aux douleurs mammaires modérées et dans les usages contraceptifs chez les femmes sans facteur de risque cardiovasculaire. Son usage reste, en revanche, recommandé dans les cas de mastopathie sévère (modifications bénignes des glandes mammaires), d’hémorragie fonctionnelle et d’endométriose avec une IRM si le traitement se prolonge au-delà d’un an et avec un document d’information remis à la patiente.

L’action en justice, dont la prochaine échéance est fixée le 15 décembre, a deux objectifs : la reconnaissance du lien de causalité entre la prise de ces progestatifs et les méningiomes et évaluer les préjudices.

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