Est-il encore permis d’aimer la culture populaire ?

Michel Sardou (ici, en 2017) est devenu la redoute d’une France en résistance contre les tribunaux du bon goût.  - Credit:A. Journois / MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Michel Sardou (ici, en 2017) est devenu la redoute d’une France en résistance contre les tribunaux du bon goût. - Credit:A. Journois / MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Le succès n'est pas chic, et il entraîne par un effet aussi injuste que naturel le dédain. Tout se passe comme si une œuvre d'art, ou un artiste, une fois aimée du plus grand nombre, en devenait moins séduisante. Qu'une personne cite une pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce dans un dîner et elle passe pour raffinée. Et ce, même si la plupart des invités ne l'ont pas lue car, à Paris, comme chacun sait, personne ne lit, mais tout le monde « relit ». Est-il encore permis d'aimer la culture populaire ?

La culture est une palette de nuances d'après laquelle on finit toujours par être le plouc de quelqu'un. Les contradictions étaient permises, on pouvait écouter « Retiens la nuit » de Johnny Hallyday et relire sans cesse « Tu es plus belle que le ciel et la mer » de Blaise Cendrars sans passer pour un original. C'est fini. La vulgarité de la politique étend ses frontières, contraint nos goûts en les distinguant d'après la moralité. Ainsi des récentes polémiques sur l'idéalisation des années 1960 et 1970, qui traduirait un état d'esprit réactionnaire, déplaisant, l'attirance pour une « France rance ». Les anathèmes produisent leur contraire ; et la diabolisation d'une chose en favorise paradoxalement le pouvoir de séduction.

Liberté, réelle ou fantasmée

Le puritanisme à l'œuvre est désormais contesté sur sa gauche comme sur sa droite, au nom d'un plaisir commun : la liberté. Réelle ou fantasmée. Les mises en scène, expositions, livres consacrés à la fin des Trente [...] Lire la suite