Emmanuel Moulin, directeur de cabinet de Gabriel Attal : ce que dit ce choix stratégique

Emmanuel Moulin, ici avec Christine Lagarde dont il a été conseiller au ministère de l’Économie sous Nicolas Sarkozy, est le nouveau directeur de cabinet de Gabriel Attal.
MIGUEL RIOPA / AFP Emmanuel Moulin, ici avec Christine Lagarde dont il a été conseiller au ministère de l’Économie sous Nicolas Sarkozy, est le nouveau directeur de cabinet de Gabriel Attal.

POLITIQUE - Un autre homme fort à Matignon. Alors que le remaniement ministériel se fait attendre, l’équipe de Gabriel Attal s’étoffe. Au-delà de quelques proches qui vont le suivre du ministère de l’Éducation, un poste clé a été pourvu. Emmanuel Moulin a été nommé directeur de cabinet du nouveau Premier ministre.

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« Actuellement Directeur général du Trésor, Emmanuel Moulin dispose d’une parfaite connaissance du fonctionnement de l’État, que le Premier ministre a pu constater lorsqu’il a travaillé avec lui comme ministre des Comptes publics », a précisé l’entourage du chef du gouvernement ce mercredi 10 janvier.

Le haut fonctionnaire remplace ainsi Jean-Denis Combrexelle, qui occupait ce poste stratégique auprès d’Élisabeth Borne depuis le 17 juillet. Gabriel Attal et son nouveau bras droit se sont rendus ensemble à l’Élysée pour un déjeuner avec Emmanuel Macron en vue de constituer le premier gouvernement de cette nouvelle ère.

De Lagarde à Le Maire en passant par Sarkozy

Le directeur de cabinet occupe une place centrale dans la mécanique de Matignon. Son choix recèle, donc, plusieurs enseignements. Le parcours d’Emmanuel Moulin, tout d’abord, en fait un expert économique, là où ses prédécesseurs (Aurélien Rousseau a occupé le poste de 2022 à 2023) étaient plutôt identifiés sur des sujets régaliens ou sociaux.

Énarque, diplômé (entre autres) de Sciences-Po et de l’Essec, il a été administrateur suppléant à la Banque mondiale à Washington entre 2000 et 2003, puis secrétaire général du Club de Paris, avant de se lancer dans le privé, comme banquier senior chez Citigroup. Après un passage au cabinet de Christine Lagarde à Bercy en 2007, il rejoint l’Élysée en 2009 comme conseiller du président Nicolas Sarkozy.

Il quitte le Palais après l’élection de François Hollande, puis retrouve le ministère de l’Économie - qu’il connaît comme sa poche, pour y avoir occupé presque toutes les fonctions, selon L’Obs - sous Bruno Le Maire quelques années plus tard. L’entourage du locataire de Bercy loue aujourd’hui un « très proche, un ami. »

Mais paradoxalement, la nomination à Matignon de ce spécialiste reconnu des questions économiques nourrit, en creux, les rumeurs d’un éventuel départ du ministre de l’Économie et des Finances. Alors que Bruno Le Maire faisait figure d’indéboulonnable il y a encore quelques semaines, les échos de presse le donnent potentiellement partant. « Emmanuel Macron impose Emmanuel Moulin pour assurer une continuité malgré le départ du ministre », anticipe en ce sens un conseiller ministériel auprès de L’Opinion.

Moulin-Kohler, le nouveau binôme

Au-delà de ces bruits de couloirs, force est de constater que le CV fourni d’Emmanuel Moulin n’est pas le seul de ses atouts. Il en possède un autre de taille : le nouveau dircab du Premier ministre est proche du très puissant secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, bras droit d’Emmanuel Macron depuis 2017. Plusieurs récits relatent que tous les deux se sont connus à Sciences Po, et s’apprécient beaucoup.

Dans ce contexte, il n’en fallait pas plus à certains pour voir la main d’Emmanuel Macron derrière cette nomination à Matignon, lui qui n’a guère laissé de latitude à ses Premiers ministres successifs pour choisir leur propre directeur de cabinet. « C’est clairement le choix de l’Élysée », commente ainsi un conseiller de l’exécutif dans Politico.

Il faut dire que seul Édouard Philippe est parvenu à imposer au président de la République un homme de confiance à ce poste stratégique, à savoir Benoît Ribadeau-Dumas. Avant d’accepter le rôle de chef du gouvernement en 2017, il avait réclamé de pouvoir choisir les membres de son cabinet.

Un luxe que Gabriel Attal n’a donc pas pu s’offrir. C’est pour cela, sans doute, que sa directrice de cabinet au ministère de l’Éducation nationale Fanny Anor, membre de son cercle très rapproché - ou des « 4 fantastiques » selon le surnom consacré - qui le suit depuis le secrétariat d’État à la Jeunesse (2018-2020) doit aujourd’hui se contenter de former un « binôme » avec Emmanuel Moulin.

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