Emmanuel Macron veut parler aux Français « les yeux dans les yeux » de la guerre en Ukraine

Emmanuel Macron photographié dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides le 12 mars (illustration)
GONZALO FUENTES / AFP Emmanuel Macron photographié dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides le 12 mars (illustration)

POLITIQUE - Après le vote du Parlement sur l’accord de sécurité avec l’Ukraine : l’explication de texte. Et tant pis si celle-ci survient quasiment un mois jour pour jour après sa ratification mi-février. Ce jeudi 14 mars, Emmanuel Macron donnera une interview aux 20 heures de TF1 et France 2 pour faire un point sur la guerre déclenchée par la Russie il y a deux ans, et surtout préciser le niveau de soutien militaire que la France entend mobiliser en faveur Kiev.

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Le tout dans un contexte où l’évocation de l’envoi hypothétique de troupes françaises au sol a provoqué un électrochoc au sein de la classe politique, poussant toutes les oppositions à sortir du bois sur le sujet alors que la Macronie fait de la question ukrainienne l’une des questions centrales des élections européennes. Et ce, alors que 68 % des Français considèrent qu’Emmanuel Macron a eu tort d’afficher cette position, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé fin février pour Le Figaro.

L’heure est donc à la clarification. « Après les différentes prises de parole du Président ces dernières semaines, les Français se posent de très nombreuses questions notamment sur les conséquences pour eux de la guerre en Ukraine. Il a considéré qu’il était temps pour lui d’y répondre », explique ce jeudi au HuffPost l’entourage d’Emmanuel Macron.

« Déni de réalité »

Auprès de l’AFP, un proche du chef de l’État évoque un exercice « pédagogique » visant à expliquer aux Français « les yeux dans les yeux quel est l’état de la situation et comment organiser les choses dans les semaines à venir ». En d’autres termes, rassurer sur le fait que la France ne compte pas franchir le seuil de la cobelligérance en Ukraine, tout en rappelant la menace réelle que fait peser la situation sur la sécurité européenne, et donc, sur celle du pays.

Objectif : sortir la société de ce que l’historien militaire Stéphane Audoin-Rouzeau nomme dans Mediapart le « déni de réalité » lié à la guerre. Ce qui devrait passer par l’explication du concept « d’ambiguïté stratégique » utilisé comme doctrine par le chef de l’État. Une position qui consiste à laisser Moscou dans le flou sur le niveau d’engagement que les alliés de l’Ukraine sont prêts (ou non) à consentir.

Dans Le Monde, Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, explicite cette position. « Ce que dit le président de la République est d’abord un message politique et stratégique. Le premier objectif est d’envoyer un signal de volonté et d’engagement dans la durée », explique le haut gradé, avant d’ajouter : « Il y a aujourd’hui en Ukraine deux lutteurs qui se tiennent à la gorge. Il est impossible de savoir lequel des deux va plier le genou le premier, mais il ne faut pas que l’Ukraine perde. C’est notre mission et notre intérêt ».

Il est donc fort probable que ce soit précisément ce message que le chef de l’État veuille faire passer ce jeudi soir, d’autant que le soutien de la population française à l’Ukraine ne cesse de s’éroder. Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune datant du 9 mars, seulement 39 % des Français continuent de soutenir l’aide financière et militaire apportée par la France à l’Ukraine. Un chiffre qui a dégringolé de 11 points depuis l’été 2023.

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