Emmanuel Macron se défend de "jouer" avec les peurs en Europe

Emmanuel Macron se défend de "jouer" avec les peurs en Europe, assurant que ses diatribes répétées contre le populisme ne sont en rien une attaque "morale" contre ses partenaires hongrois ou italien mais un écho à "la colère" populaire face à une Europe "sans doute devenue trop ultra-libérale". /Photo prise le 5 novembre 2018/REUTERS/Ludovic Marin

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron se défend de "jouer" avec les peurs en Europe, assurant que ses diatribes répétées contre le populisme ne sont en rien une attaque "morale" contre ses partenaires hongrois ou italien mais un écho à "la colère" populaire face à une Europe "sans doute devenue trop ultra-libérale".

Lors d'un entretien sur Europe 1 enregistré lundi et diffusé mardi à la faveur de son périple en France pour les cent ans de la fin de la Première guerre mondiale, le président français a mis en perspective "l'absurdité du nationalisme belliqueux" avec la situation actuelle.

"Nous avons besoin de ne pas faire bégayer l'Histoire et d'avoir une Europe qui protège, qui protège les travailleurs", a-t-il souligné.

"Partout en Europe, le nationalisme remonte", a-t-il poursuivi, évoquant les bons scores du Rassemblement national en France dans les intentions de vote pour les élections européennes de mai 2019. "J'espère qu'il ne gagnera pas et que d'autres forces politiques, qui sont dans le champ républicain, l'emporteront."

Dans un entretien publié jeudi dernier dans Ouest France, Emmanuel Macron se disait "frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres".

"Je ne joue pas, malheureusement", a-t-il justifié sur Europe 1.

"Je n'exagère en rien, je suis simplement lucide. Je regarde la situation dans laquelle nous sommes : nous sommes dans une Europe qui depuis 70 ans vit une parenthèse de paix inédite mais qui est aujourd'hui fracturée par la montée des nationalismes", a-t-il expliqué.

"IL FAUT ENTENDRE LA PEUR"

"Nous avons besoin de ne pas faire bégayer l'Histoire. (...) Il ne s'agit pas d'agiter les peurs mais il s'agit d'avoir conscience de ce que nous sommes, de ce que nous vivons", a-t-il insisté.

Interrogé sur son affrontement avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le vice-président du conseil des ministres italien Matteo Salvini, qu'il qualifie de "populistes", Emmanuel Macron a estimé que "ce n'est pas parce que les gens sont élus qu'on n'a pas le droit de combattre leurs idées."

"On ne doit pas les combattre moralement, on ne doit pas mépriser les peuples qui les ont élus, je n'ai jamais été dans cette posture", a-t-il affirmé, alors que l'ancien président Nicolas Sarkozy a récemment mis en garde dans un entretien au Point les "donneurs de leçons" européens.

"Il faut entendre la peur que ces élections expriment, et la colère contre une Europe qui est sans doute devenue trop ultra-libérale (...) qui ne permet plus aux classes moyennes de bien vivre."

Marine Le Pen a dénoncé mardi sur Radio classique le "sacré paradoxe" qu'il y a selon elle à "faire des déplacements pour en quelque sorte commémorer les centaines de milliers de soldats français qui ont donné leur vie pour défendre leur nation, pour défendre leurs frontières, et en même temps être aussi agressif, aussi violent et haineux à l'égard de ceux (...) veulent défendre leur nation et leurs frontières."

"Ce président, qui ne cesse de surfer sur la peur d'une nouvelle guerre tout à fait hypothétique, sème la discorde. C'est lui qui insulte ses homologues européens, qui les traite de lépreux", a jugé la président du Rassemblement national.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)