Emmanuel Macron justifie sa présence à la messe donnée par le Pape François à Marseille le 23 septembre

Emmanuel Macron, lors de la cérémonie d’ouverture au Stade de France pour la coupe du monde de Rugby, le 8 septembre 2023.
ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

RELIGION - Assister, sans participer. Voilà le message de l’Élysée ce 14 septembre 2023, à quelques jours d’une visite du Pape François à Marseille, les 22 et 23 septembre prochains. Point d’orgue de ces deux jours « à Marseille, pas en France », selon le Pape, la messe qu’il donnera au stade Vélodrome samedi 23 septembre à 15 heures, devant les fidèles et… le couple présidentiel.

L’Élysée a en effet confirmé jeudi que le président de la République et son épouse Brigitte Macron assisteront bien à l’événement qualifié par la présidence de « festif ». Une présence qui a suscité des critiques de la part d’élus de La France Insoumise, à commencer par l’ancien candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon. « Le pape est le bienvenu en France. Son action pour les migrants en Méditerranée peut être décisive. Macron tape l’incruste sans respect pour sa propre fonction. Les sifflets à la messe seront pour lui, pas pour le pape », a-t-il posté sur le réseau social X (ex-Twitter) le 13 septembre.

« Des critiques d’un seul parti politique »

À l’Élysée, on évacue ces critiques en ces termes : « la polémique concerne des prises de parole de parlementaires d’un même parti politique, ce n’est pas une polémique nationale, cela inquiète un seul parti politique ». Le Palais a tenu à préciser la définition de la laïcité : « la République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte, ce qui n’exclut pas d’entretenir des relations avec tous les cultes, pas seulement le culte catholique ».

Et de rappeler les dernières participations du président Macron à des cérémonies ou événements religieux : « sa présence dans des synagogues dans des moments importants ou pour rompre le jeûne du Ramadan à plusieurs reprises ». On évoque aussi sa présence aux obsèques de Jacques Chirac le 30 septembre 2019, en l’église Saint-Sulpice, manière de ne pas donner trop d’importance à sa venue à cette messe papale à Marseille.

« La République ne communie pas »

Autre argument souligné, le fait que le président de la République « ne communie pas » ou en d’autres termes « ne participe pas à l’eucharistie », rite catholique lors des messes où l’on prend l’hostie. « Il y a parfois une confusion entre le fait de participer à une messe et de prendre part à l’eucharistie », fait-on valoir, en s’appuyant sur une doctrine prêtée au Général de Gaulle : « La République ne communie pas ».

Enfin, l’Élysée a tenu, comme pour couper court à toute polémique, à rappeler les précédents en la matière. Comme la messe célébrée en 1980 par Jean-Paul II sur le parvis de Notre-Dame en présence de Valéry Giscard d’Estaing, président en exercice ou quand le Premier Ministre François Fillon assistait à la messe donnée par le pape Benoît XVI à Paris, en 2008.

« François Mitterrand a eu des échanges avec Jean-Paul II », rappelle la présidence qui prévoit deux entretiens entre le souverain pontife et Emmanuel Macron en marge de cette messe. L’un à 11 h 30 au Palais du Pharo, « en tête à tête », pour aborder la situation internationale et notamment le dossier ukrainien, le Sahel, Haïti et le Liban. Emmanuel Macron prévoit des échanges avec le Pape sur le réchauffement climatique alors que ce dernier prépare une actualisation de son encyclique sur le sujet en vue de la prochaine Cop.

Giscard d’Estaing, Fillon… Des précédents

« La question des migrations sera évoquée », promet-on à l’Élysée alors que le Pape François fait entendre haut et fort un discours d’accueil. « L’exploitation des migrants est criminelle », a déclaré François en amont de ce déplacement à Marseille qui n’a pas été choisi au hasard puisqu’il participera à la clôture des « Rencontres de la Méditerranée » organisées par le diocèse de Marseille qui se tiennent toute la semaine prochaine dans la cité Phocéenne.

L’Élysée pense pouvoir trouver des « convergences » avec le Pape sur la question migratoire pour « chercher des solutions au niveau européen et avec les pays de départ », mais précise que l’appel du Pape à ses fidèles est à distinguer des impératifs des États sur le sujet.

Emmanuel Macron raccompagnera le pape François à l’aéroport de Marseille après la messe pour son départ vers Rome et s’entretiendra brièvement une dernière fois avec lui avant son vol. Le dispositif politique est important pour accueillir le souverain pontife. C’est la Première ministre Élisabeth Borne qui sera présente à l’arrivée de François à l’aéroport.

L’Élysée ne semblait pas inquiet quant à la sécurité gérée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la préfecture des Bouches-du-Rhône, alors que des « dizaines de milliers de personnes » sont attendues aux abords et au stade Vélodrome pour cette messe.

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