Emmanuel Macron se dit « choqué » par les salaires des grands patrons

En déambulation sur un marché à Dôle dans le Jura ce 27 avril, le président de la République a été interpellé sur les salaires des grands PDG.
En déambulation sur un marché à Dôle dans le Jura ce 27 avril, le président de la République a été interpellé sur les salaires des grands PDG.

En déambulation sur un marché à Dôle dans le Jura, le président de la République a été interpellé sur les salaires des grands PDG.

POLITIQUE - Emmanuel Macron rend hommage à Toussaint Louverture ce jeudi 27 avril pour le 175e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France, mais le chef de l’État continue d’aller au contact des Français, malgré l’accueil qui lui est réservé.

Avant son discours prévu à la mi-journée au château de Joux dans le Doubs, le président a déambulé sur un marché de Dôle dans le Jura, où il a été interpellé sur le salaire des grands patrons, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

« Qu’est-ce que vous pensez du salaire des grands PDG », l’a interrogé un homme à un stand d’habits. « Ça choque tout le monde, moi aussi ça me choque », a répondu Emmanuel Macron alors qu’une caméra de BFM TV filmait l’échange. « Nous, quand on est au capital, on vote contre ça, a expliqué le président. D’ailleurs les patrons dans le secteur public, depuis des années maintenant, ils sont limités dans leur rémunération » a-t-il détaillé.

Quant aux chefs d’entreprise des secteurs privés, « ce sont les actionnaires qui décident » a-t-il justifié, en assurant que l’État ne peut pas se substituer aux actionnaires. « Mais la loi peut être plus drastique qu’elle ne l’est » a rétorqué l’homme. « Alors qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous pouvez les taxer, c’est ce qu’on fait d’ailleurs », a poursuivi le chef de l’État en parlant de l’impôt progressif.

L’écart des salaires entre les patrons et les salariés se creuse

La question du salaire des grands patrons a fait polémique notamment après les profits records engendrés par TotalEnergies, permis par l’envolée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine. Le conseil d’administration du groupe a proposé en mars d’augmenter de 10 % la rémunération de Patrick Pouyanné, alors que le salaire du PDG avait déjà augmenté de 51,7 %, à 5 944 129 euros en 2021.

Or l’écart entre la rémunération des grands patrons et des salariés ne cessent de se creuser d’après un rapport de l’ONG Oxfam publié ce jeudi. D’après l’étude faite sur les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, il serait en moyenne 97 fois plus élevé en 2021, alors qu’il l’était 64 fois plus en 2021.

Le président le reconnaît : « Quand les écarts atteignent ces proportions, vous ne pouvez plus l’expliquer aux gens », tout en regrettant : « Mais ça, ce n’est pas l’État qui peut le faire, ce que je veux dire c’est qu’il y a la responsabilité de chacun, ça veut dire que ce sont des gens qui sont déconnectés » a-t-il conclu.

En France depuis 2012, les rémunérations des dirigeants de sociétés appartenants à l’État sont effectivement plafonnées comme l’a assuré le président. Elles ne peuvent pas dépasser 450 000 euros par an, soit un peu plus de 37 500 euros par mois. Mais cela ne s’applique pas au secteur privé.

Charles Pinel, directeur général du cabinet de conseil Proxinvest, explique au Bien Public que seul le vote des actionnaires lors de l’assemblée générale peut être contraignant. Un code de gouvernance de l’Association Française des Entreprises Privées (Afep) et du Mouvement des Entreprises de France (Medef) existe et recommande que les salaires des grands patrons doivent être mesurés. « Mais recommandation n’est pas obligation » souligne-t-il.

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