Emmanuel Macron au Conseil européen pour concrétiser la riposte économique à Joe Biden

Les européens se retrouvent pour concrétiser leur riposte économique aux Américains (photo d’illustration prise le 11 juin 2021)
LUDOVIC MARIN / AFP Les européens se retrouvent pour concrétiser leur riposte économique aux Américains (photo d’illustration prise le 11 juin 2021)

POLITIQUE - La potion de Bruxelles. Emmanuel Macron retrouve ses homologues européens ce jeudi 9 février pour un sommet qui doit durer 24 ou 48 heures. Les chefs d’État ou de gouvernement du Vieux Continent vont échanger sur trois thèmes majeurs, l’économie, les migrations et la guerre en Ukraine. Un programme qui pourrait évoluer en fonction de l’éventuelle visite du président Volodymyr Zelensky, lequel était à Londres puis à Paris, mercredi.

Parmi les différents sujets dont les 27 vont s’emparer, il en est un sur lequel le président français a, selon l’Élysée « mis beaucoup de capital politique » : la réponse européenne au nouveau protectionnisme « vert » américain le fameux IRA qui empoisonne les relations entre les deux parties.

Ce dossier est au cœur de l’agenda de l’UE depuis que Joe Biden a dévoilé un plan d’investissements de 370 milliards de dollars contre le changement climatique, à l’attention, en autres, des fabricants américains de batteries de voitures électriques ou de panneaux solaires. Des mesures qu’Emmanuel Macron a jugées « super-agressives » lors de sa visite d’État début décembre à Washington et, qui font craindre aux Européens une fuite des investissements industriels vers les États-Unis. L’heure est donc désormais à la riposte.

Ce que propose la Commission

Les 27 ont prévu de s’emparer à Bruxelles des premières propositions formulées par Ursula von der Leyen. La présidente de la Commission européenne veut notamment assouplir les règles qui entourent l’attribution par l’État d’aides aux industriels européens impliqués dans les énergies renouvelables.

Certains investissements dans de nouvelles usines pourront être soutenus par des « avantages fiscaux » à condition qu’il s’agisse de « secteurs stratégiques zéro émission. » Bruxelles prévoit également une nouvelle législation qui permettra de fixer des objectifs de production dans des secteurs clés pour la souveraineté européenne, de soutenir des projets impliquant plusieurs pays européens, en accélérant et en simplifiant les autorisations et financements.

Autant de mesures qui répondent « aux entreprises européennes pour le court terme », veut croire l’Élysée, et qui devraient permettre de leur « envoyer un signal clair sur le maintien d’une partie de leur production » sur le continent. Pour les réponses à « long terme », on verra plus tard.

Paris ne « lâche pas » son fonds de souveraineté

Ce plan initial consiste surtout en des redéploiements de moyens existants. Un « repackaging » qui vaut des critiques à l’instance européenne de la part de ceux qui réclament la création d’un fonds souverain. Une idée rejetée par Berlin, qui craint autant un nouvel endettement commun européen qu’une guerre commerciale avec les États-Unis.

« Nous avons privilégié les réponses d’urgence à ce stade », réagit à ce stade l’Élysée en louant une première réponse « équilibrée », propice à satisfaire les pays du nord et du sud. En revanche, Paris « ne lâche pas » l’idée du fonds souverain, toujours selon le palais présidentiel, qui viendra dans un « troisième temps » ; la Commission espère ouvrir les discussions à l’été.

En parallèle de ces discussions européennes, les négociations se poursuivent avec les États-Unis. Bruno Le Maire et son homologue allemand de l’Économie Robert Habeck étaient à Washington en début de semaine pour obtenir des garanties sur les effets pervers du grand plan climat américain. Ils ont salué des « avancées significatives » réalisées avec l’administration Biden qui a notamment accepté le principe de « transparence totale » concernant le montant des subventions qu’ils accorderont à leurs industriels. Cela permettra à l’UE d’accorder « le même niveau d’aides publiques » à ses propres industriels, a souligné le ministre français.

Mais l’important semble presque ailleurs. « On a gagné la bataille du narratif ou du récit » sur ce dossier, se félicite-t-on encore au Palais présidentiel, car « parler de politique industrielle européenne c’est très nouveau en réalité. » Après les discours, les actes : les premières mesures réglementaires, de simplification notamment, pourraient être adoptées début mars.

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