Emmanuel Macron aux 20 heures : le chef de l’État lie le destin de l’Ukraine à celui de la France

Emmanuel Macron lors de son interview consacrée à la guerre en Ukraine ce jeudi 14 mars.
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron lors de son interview consacrée à la guerre en Ukraine ce jeudi 14 mars.

POLITIQUE - Si vis pacem, para bellum. C’est bien dans le prolongement de cette locution latine, consistant à préparer la guerre pour s’assurer la paix, que le chef de l’État a placé son interview ce jeudi 14 mars aux JT de TF1 et de France 2. Un long entretien consacré à la guerre en Ukraine, au cours duquel le chef de l’État a martelé la nécessité de ne pas céder un pouce à la Russie de Vladimir Poutine. Le ton grave et le verbe martial, Emmanuel Macron a d’abord tenu à rassurer concernant l’évocation d’un envoi hypothétique de troupes au sol.

Sur l’Ukraine, Macron cite un discours de Churchill très symbolique pour alerter

« Jamais nous ne prendrons l’initiative », a-t-il déclaré d’emblée, précisant à plusieurs reprises qu’il n’était pas question de faire la guerre à la Russie. Pour autant, hors de question de s’interdire quoi que ce soit au regard de la gravité de la situation. « Aujourd’hui, pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible, et donc il nous faut lucidement regarder la situation et il nous faut, avec détermination, volonté, courage, dire que nous sommes prêts à atteindre les moyens pour atteindre notre objectif, qui est que la Russie ne gagne pas », a-t-il expliqué, assurant que l’invasion déclenchée par Vladimir Poutine est « existentielle pour notre Europe et pour la France ».

« Notre sécurité est menacée »

Pour appuyer son propos, le locataire de l’Élysée a promis un avenir noir en cas de victoire russe. « Si l’Ukraine tombe, c’est notre sécurité qui est menacée », a-t-il affirmé, estimant qu’il était illusoire d’espérer obtenir quoi que ce soit d’un dirigeant ayant bafoué ses engagements internationaux. « Qui pense que Poutine, qui n’a respecté aucune limite, s’arrêterait ? Est-ce que vous pensez que les Polonais, les Lituaniens, les Estoniens, les Roumains, les Bulgares pourraient une seconde rester en paix ? », a interrogé le chef des armées, plaidant pour l’instauration d’un rapport de force avec Vladimir Poutine. « La paix, ce n’est pas la capitulation de l’Ukraine », a-t-il insisté, allant jusqu’à citer Churchill pour étayer son analyse.

Raison pour laquelle « nous devons dire que nous sommes prêts à répondre », sans pour autant franchir le seuil de cobelligérance. Sur le sujet, Emmanuel Macron a par ailleurs rappelé l’augmentation continue du budget des Armées depuis sa première élection en 2017. « Nous n’avons pas attendu 2022 pour être prêts », a-t-il assuré.

Sur le plan politique, il a regretté la position exprimée au Parlement par ceux qui, du Rassemblement national à la France insoumise, ont choisi de ne pas soutenir l’accord de sécurité avec l’Ukraine, ou louvoient sur le niveau de l’engagement de la France. « Choisir de s’abstenir ou de voter contre un soutien à l’Ukraine, ce n’est pas choisir la paix, c’est choisir la défaite », a affirmé le chef de l’État, fustigeant également ceux qui « font le choix dès maintenant de dire : nous, nous avons des limites ».

Une « position impopulaire »

Sans surprise, les principaux visés n’ont pas tardé à réagir. «Le Président fait peur. Il sait qu’assis, on finit par se lever. Et que si on alimente la guerre, on finit par la faire soi-même. Ceux qui veulent la paix préparent la paix. Lui non », a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, dont le tweet résonne avec celui de la députée RN Christine Engrand : « Le président belliciste confirme la possibilité d’envoi de troupes en Ukraine ! Entre posture et instrumentalisation de la peur, les Français n’ont rien à gagner de ces excès de langage ». Éric Ciotti soupçonne quant à lui le chef de l’État de « souffler sur les braises d’un potentiel conflit mondial à des fins électorales ».

Du côté de l’exécutif, on réfute toute récupération. « C’est le Président chef de guerre qui s’exprime, car la situation l’exige. Ce n’est pas par instrumentalisation en vue de remonter la pente pour les européennes. Il n’a d’ailleurs pas prononcé une seule fois le mot RN, ni parlé de Bardella. Qui plus est, il assume une position impopulaire : assumer le concept d’ambiguïté stratégique », souffle au HuffPost un conseiller ministériel, avant d’ajouter : « avec cette interview on comprend que nous sommes déjà dans la deuxième guerre froide ». Les détracteurs du soutien à l’Ukraine, eux, ne l’ont toujours pas compris.

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