Emmaüs défie Vinted avec une campagne pour inciter aux dons

« Si tu ne le portes pas, donne-le » : les fausses annonces d’Emmaüs sur Vinted pour sensibiliser aux dons de vêtements (photo d’illustration en 2014 dans une boutique Emmaüs à Paris).
« Si tu ne le portes pas, donne-le » : les fausses annonces d’Emmaüs sur Vinted pour sensibiliser aux dons de vêtements (photo d’illustration en 2014 dans une boutique Emmaüs à Paris).

SOLIDARITÉ - Si vous vous rendez sur Vinted aujourd’hui, vous verrez peut-être les vêtements d’une certaine « Emma_Us ». Pour 14 €, une veste en jean oversize, pour 7 € une veste en cuir ou un tee-shirt vintage. Sur chaque pièce, la même inscription : « Si tu ne le portes pas, donne-le ». Ces pièces ne sont en fait pas à vendre, mais destinés à « interpeller, sensibiliser, nous rappeler que donner à Emmaüs, c’est (se) donner le pouvoir d’agir, pour la solidarité, pour l’environnement », peut-on lire sur chaque annonce.

Ces fausses annonces, publiées ce jeudi sur Vinted, site de vente de vêtements et accessoires d’occasion entre particuliers, sont une manière pour Emmaüs de défendre son modèle solidaire, récemment fragilisé par l’essor des plateformes de revente en ligne. L’association appelle les utilisateurs à lui céder leurs vêtements usagés, plutôt que d’en tirer quelques euros sur internet.

« Si tu ne le portes pas, donne-le » : les fausses annonces d’Emmaüs sur Vinted.
« Si tu ne le portes pas, donne-le » : les fausses annonces d’Emmaüs sur Vinted.

À travers cette campagne, déclinée également par affichage, à la radio et à la télévision, l’association fondée par l’abbé Pierre souhaite « provoquer un électrochoc » et amener les utilisateurs de Vinted ou autres Leboncoin à s’interroger, sans pour autant les culpabiliser, a expliqué à l’AFP Valérie Fayard, directrice générale déléguée d’Emmaüs France.

Seulement 40 % des produits donnés peuvent être revendus

Avec l’essor des plateformes de revente, les Français ont tendance à moins donner à Emmaüs, ou à lui donner uniquement leurs objets de moindre qualité, déplore l’association. Après tri et réparation, seuls 40 % des quelque 320 000 tonnes collectées chaque année peuvent être revendues, contre 60 % il y a 20 ans, détaille ainsi Mme Fayard.

C’est donc « tout notre modèle économique qui est mis en danger », déplore la responsable, rappelant qu’Emmaüs permet à 15 000 compagnons ou salariés en insertion de retrouver une dignité par le travail, et que les plus démunis peuvent s’équiper à moindre coût dans ses 500 boutiques solidaires.

Ce caractère solidaire a « plus de valeur que les quelques euros que vous allez récupérer sur Vinted », insiste Valérie Fayard. La plupart de ceux qui vendent en ligne « n’en ont pas véritablement besoin, ils génèrent des ressources pour s’acheter autre chose », participant ainsi à la « surconsommation », estime-t-elle.

En 2021, déjà confronté à cette concurrence accrue, Emmaüs lançait le site de revente Trëmma pour rivaliser avec Leboncoin et Vinted. Pour ceux qui veulent donner, le site permet de poster une annonce mais aussi de sélectionner un projet solidaire qui bénéficiera de la vente.

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