Emily Ratajkowski du film Gone Girl parle de Robin Thicke, de Ben Affleck (plus ou moins) et du rôle de sa vie

 

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Emily Ratajkowski

ne veut pas parler de « Blurred Lines ». Elle ne tient pas à parler de Robin Thicke et ne veut certainement pas parler du nouveau Batman, ni de Ben Affleck, avec qui elle partage l’affiche du prochain film de David Fincher, Gone Girl, qui sortira en octobre.

Et l’on comprend sa réticence : 18 mois ont passé (ce qui équivaut environ à 25 ans à l’heure d’Internet) depuis la sortie de ce numéro lascif. Un single et un clip tout aussi osé, classé NSFW (NDLR : "Not Safe For Work" : trop sexy), et pourtant les gens veulent encore savoir : Quelle est votre opinion sur la nudité à l’écran ? Pensez-vous que la vidéo était dégradante ou valorisante pour les femmes ? Robin Thicke est-il un sale type ? 

Mais non, Emily R. (comme l’a baptisée le public afin de raccourcir son nom, ou « Emrata » sur
 Instagram et Twitter) tente de façon admirable de changer de sujet, sans se soucier de savoir si les gens sont prêts à cesser de parler de ce corps ou de cette chanson (un sondage Internet l’a confirmé : ils ne sont pas prêts). Elle préfère parler de sa carrière d’actrice naissante et de l’avenir qui, pour cette Californienne de souche de 23 ans, semble très prometteur (elle a à peine eu le temps de participer à cette séance photo avec Arthur Elgort, car elle tourne actuellement un film avec Zac Efron : We are your friends). Yahoo Style s’est assis à la table du top model et actrice pour parler de Fincher, de We are your friends et de l’avenir.

Yahoo Style :
 Vous êtes passée de mannequin à actrice hollywoodienne en l’espace de quelques mois. Comment s’est déroulée la transition ? 

Emily Ratajkowski :
 Cela s’est fait très naturellement car j’ai fait du théâtre quand j’étais plus jeune. Je faisais partie de ces enfants qui aiment se donner en spectacle. J’ai joué la Petite fille aux allumettes dans une production locale à San Diego quand j’étais en sixième. J’étais sur scène tout le temps et c’était tout un événement. [Rires] 

YS :
 Avez-vous pensé à changer votre nom de famille pour un nom plus courant ou plus facile à lire sur une affiche de film ? 

ER :
 Lorsque j’ai débuté ma carrière dans le mannequinat, j’ai reçu toutes sortes de petits commentaires des gens, qui me posaient la question : « Est-ce que vous allez changer votre nom de famille ? ». Mais je respectais mon père et je n’ai jamais songé à le changer. Beaucoup de top models ont des noms réellement difficiles à prononcer. Les gens s’y habituent petit à petit. Je signale juste que le J est muet. 

YS :
 Que préférez-vous entre le mannequinat et la comédie ? 

ER :
 
[La comédie] est beaucoup plus épanouissante d’un point de vue créatif, car vous pouvez concevoir un personnage. Vous êtes dans le contrôle créatif, alors que, dans une séance photo, ce sont les photographes, les producteurs ou les stylistes qui prennent les décisions. Dans un film, vous êtes vraiment responsable de votre rôle, et c’est très exaltant. 

Quand j’étais plus jeune, j’ai participé à une émission Nickelodeon [iCarly], mais je n’aimais vraiment pas être une fille Disney ou Nickelodeon. Je ne m’identifiais pas à tout ça. Et je me suis lassée d’auditionner pour être « la garce » ou encore « la pom-pom girl ». Mais j’ai fini par revenir à la comédie.
 

YS :
 Comment avez-vous rejoint le casting du film Gone Girl de Fincher ? 

ER :
 J’ai d’abord auditionné à New York, puis David [Fincher] et l’équipe m’ont rappelée alors que j’étais dans l’avion pour L.A., juste avant le 1er mai de l’an dernier. Je me suis rendue à l’audition et Ben Affleck était là. J’ai pensé : « Mince, je crois qu’ils étaient vraiment sérieux. » 

Nous avons joué des scènes pendant 45 minutes, mais je savais qu’ils devaient voir d’autres filles alors je me suis dit : « Je ne sais pas si je vais avoir ce rôle ». En plus, c’était le samedi du week-end de la Fête du travail donc je ne pensais pas recevoir de nouvelles. Mais deux heures plus tard, ils m’ont rappelée pour me proposer le rôle. J’étais toute seule dans la voiture, mais j’ai appelé mes parents tout de suite après et je n’arrêtais pas de crier : « Aaaaaah ! ».
 

YS :
 Comment perceviez-vous votre personnage, Andie Hardy, la jeune maîtresse folle que l’on adore détester de Nick Dunne, le meurtrier présumé joué par Ben Affleck ? 

ER :
 Andie est vraiment adorable. C’est quelqu’un de gentil, qui aime réellement son petit ami. Je pense que beaucoup de gens la voient d’une certaine façon parce qu’elle est « la maîtresse ». Mais je l’ai interprétée comme une personne réellement gentille, très jeune et très amoureuse de son petit ami. Aucune maîtresse ne se voit en tant que telle. Elles ont l’impression d’être des femmes ou des petites amies aimantes, vous voyez ? 

YS :
 Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ? 

ER :
 J’ai relu le livre, bien évidemment. C’est vraiment une chance de travailler avec un script dont la source est un roman. De plus, nous avons tourné dans la petite ville de Cap-Girardeau dans le Missouri, qui possède une petite université dans laquelle Andie suit des cours dans le film. Je m’y suis rendue plusieurs fois, j’ai imaginé sa famille, ce à quoi ressemblait sa vie et pourquoi [Nick] était aussi attirant à ses yeux. 

YS :
 Avez-vous suivi de vrais cours de comédie ? 

ER :
 J’ai travaillé avec un professeur à L.A., et j’ai suivi des cours par ci par là depuis toujours : Stanislavski et ce genre de choses. Mais, honnêtement, je n’utilise aucune méthode en particulier ; je fais simplement ce qui me paraît bien. 

YS :
 Fincher a la réputation de pousser ses acteurs au bout de leurs limites, en faisant des dizaines et des dizaines de prises au cours de journées de travail longues et éreintantes. Comment cela s’est-il passé pour vous ? 

ER :
 David est un perfectionniste. Il a déjà planifié l’intégralité du film avant même que vous n’arriviez sur le plateau. Vous savez donc que votre rôle est très précis, et ce que vous devez faire et ne pas faire. Vous savez exactement où vous placer dans l’énorme plan qu’il a constitué. Dans la mesure où c’était mon premier film, je lui ai dit « Quoi que tu veuilles, je suis d’accord. ». Je n’ai aucune forme de fierté. Je veux juste apprendre. Nous nous sommes vraiment bien entendus. J’imagine que les acteurs plus expérimentés peuvent se sentir quelque peu déroutés quand ils tiennent à l’impressionner, ou lorsque David ne cesse de faire des commentaires et de recommencer la prise. 

YS :
 L’expérience de ce tournage a-t-elle rapproché les acteurs et l’équipe ? 

ER :
 
C’était très intense. Nous avons tourné dans le Missouri, nous ne pouvions donc tout simplement pas rentrer chez nous à la fin de la journée et retrouver notre vie. Nous faisions tous du covoiturage pour aller manger et sortir, et nous avons appris à nous connaître les uns les autres. 

YS :
 Ça ressemble à un camp militaire pour acteurs. 

ER :
 
À un moment, Ben m’a dit : « Je tiens juste à te prévenir que ça n’arrivera plus jamais. Tu ne participeras plus jamais à un tournage dans lequel tu ne sais pas quelles ont été les bonnes et les mauvaises prises. » Parce qu’elles ont toutes l’air d’être les mêmes, mais [Fincher] trouve de légères différentes dans chaque prise. 

YS : Vous tournez actuellement We are your friends avec Zac Efron, dans lequel vous tenez le rôle principal pour la première fois. Comment cela se passe-t-il ? 

ER :
 C’est un film dramatique sur le passage à l’âge adulte, une sorte de Fièvre du samedi soir mais qui se déroule dans la Vallée de San Fernando, à Los Angeles. Max Joseph, l’un des créateurs de la série Catfish sur MTV, est à la réalisation. Je partage l’affiche avec Zac, et Wes Bentley joue également dans le film. C’est beaucoup de travail mais c’est très intéressant. 

C’est une expérience à l’opposé de celle que j’ai vécue avec David. David était très précis et savait exactement ce qu’il voulait, alors que Max est très enthousiaste (ce que David est également), ouvert aux idées et au fait de construire quelque chose ensemble. C’est le premier film de Max et il est plutôt dans l’esprit : « Qu’est-ce que tu en penses ? ».
 

Et c’est fou : le lendemain de la fin du tournage, je me suis envolée vers New York pour l’avant-première de Gone Girl au Festival du film de New York.
 

YS :
 Waouh ! Êtes-vous prête à voir votre vie changer à la sortie de Gone Girl ? Je veux dire, regardez le chemin qu’a parcouru Rooney Mara après avoir travaillé avec Fincher. 

ER :
 
Ça me fait déjà un peu bizarre. J’ai reçu des courriers de fans étranges à mon adresse personnelle, ce qui était très effrayant. Et certaines choses du quotidien ont également changé. Par exemple, je ne peux plus prendre le métro, ou ce genre de choses. J’ai l’impression que je ne m’y habituerai jamais, mais c’est peut-être ce qui changera : je m’habituerai peut-être davantage à cette vie. 

Et Rooney est un exemple intéressant, parce que j’ai l’impression qu’elle fait partie des rares jeunes actrices qui n’utilisent aucun média social ou qui ne sont vues dans aucune soirée.
 

YS :
 Allez-vous rester sur Instagram ? Vous avez 1,3 millions d’abonnés ! 

ER :
 Oui, j’aime avoir à disposition une plateforme qui me permet en quelque sorte de gérer la façon dont les gens me voient. 

Photographie : Arthur Elgort