Elon Musk qualifie de "dictateur" un juge brésilien qui a ouvert une enquête contre lui

Alexandre de Moraes, qui a lui-même ordonné ces dernières années la suspension de certains comptes sur X, a enjoint le réseau social à ne pas réactiver certains comptes dont le blocage a été ordonné par la Cour suprême brésilienne.

Une guerre ouverte. Tandis qu'un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné ce dimanche 7 avril l'ouverture d'une enquête contre Elon Musk, le propriétaire de la plateforme X, qui l'avait déjà longuement pris pour cible durant le week-end, est revenu à la charge lundi 8 avril.

Dans un arrêt judiciaire, le magistrat Alexandre de Moraes a enjoint "le réseau social X de s'abstenir de désobéir à tout ordre judiciaire, y compris en réactivant un compte dont le blocage a été ordonné par la Cour suprême", sous peine d'une amende de 100.000 réais (environ 18.300 euros) par profil réactivé.

Ce dernier a lui-même ordonné ces dernières années le blocage de comptes sur X, certains étant soupçonnés de propager de la désinformation.

"Débattons là-dessus"

En réponse, Elon Musk a notamment insinué qu'il allait contester les décisions judiciaires de ce magistrat.

Celui qui est également patron de Tesla et Space X a réclamé la "démission ou la destitution" de ce magistrat à la fois influent et clivant au Brésil. Lundi, il a une nouvelle fois visé le juge lundi sur la plateforme, sur le ton d'une provocation en duel: "Qu'en dis-tu, @Alexandre? Débattons là-dessus pour de vrai".

Dans un autre message, il a plaisanté en se positionnant comme le psychanalyste d'Alexandre de Moraes. "Dites-moi, Alexandre, est-ce que la désinformation est dans la pièce avec nous maintenant?" a écrit Elon Musk, en référence à un mème bien connu.

Plus tard, il s'en est à nouveau pris au magistrat brésilien : "Comment @Alexandre de Moraes est-il devenu le dictateur du Brésil? Il tient Lula en laisse." "La loi s'applique à tous, y compris à @Alexandre. Il devrait être jugé pour ses crimes", a ajouté Elon Musk sur le réseau social.

Alexandre de Moraes n'a pas répondu sur le réseau social, mais il a déclaré dimanche qu'il imposerait des amendes d'environ 20.000 dollars, environ 18.400 euros, par jour pour chaque compte bloqué que X réactive et également ordonné l'ouverture d'une enquête contre Elon Musk, évoquant une supposée "instrumentalisation criminelle de X".

Magistrat clivant

Alexandre de Moraes est un des onze membres de la Cour suprême brésilienne. Il préside également le Tribunal supérieur électoral (TSE). Il a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes sur les réseaux sociaux, la plupart d'entre elles étant des sympathisants de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

Des personnalités politiques ultra-conservatrices ont lancé un manifeste en défense d'Elon Musk et son appel à la destitution d'Alexandre de Moraes. "Impeachment", le mot utilisé au Brésil pour la destitution, qui relève du Sénat pour un juge de la Cour suprême, était en tête des trending topics sur X lundi.

Mais de nombreuses voix se sont également élevées pour soutenir le magistrat.

Le président de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, a déclaré dans un communiqué que "toute entreprise qui opère au Brésil est soumise à la constitution". Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit pour sa part que la régulation des réseaux sociaux était "inévitable".

Elon Musk est un habitué des provocations sur les réseaux sociaux. L'an passé, il avait réclamé un combat de MMA (arts martiaux mixtes) contre le patron de Meta Mark Zuckerberg, un de ses principaux concurrents, lançant une passe d'armes qui avait enflammé les réseaux.

Article original publié sur BFMTV.com