Berendsen rejette l'offre d'Elis, s'envole en Bourse

par Wout Vergauwen

LONDRES (Reuters) - Le groupe de blanchisserie industrielle britannique Berendsen a rejeté jeudi une deuxième offre, de quelque deux milliards de livres (2,3 milliards d'euros), de son concurrent français Elis, estimant que cette proposition le sous-évaluait "très significativement".

Ce refus n'empêche pas le titre Berendsen de s'envoler vers 09h40 GMT de 23,3% à 10,65 livres à la Bourse de Londres, affichant de loin la plus forte hausse de l'indice FTSE 250 des valeurs moyennes, lui même en recul de 0,99%.

A ce niveau, l'action se rapproche du prix de 11,73 livres proposé par Elis sur la base du cours de clôture de son action de 19,99 euros de mercredi et d'un taux de change de 1,161 euro pour une livre.

Le groupe français, qui perd 5,28% à 18,93 euros à Paris, soit la deuxième plus forte baisse du SBF 120, propose en effet 4,40 euros en numéraire et 0,426 action ordinaire nouvelle Elis par titre Berendsen.

A 11,73 livres, le prix mis sur la table par Elis représente une prime de 35,8% par rapport au cours de clôture de Berendsen de mercredi.

"Ce prix paraît attrayant pour le groupe", a déclaré Andrew Brooke, analyste chez RBC Capital Markets, se disant préoccupé par le plan d'investissements de Berendsen et par la capacité du groupe à redresser ses activités britanniques historiques.

BERENDSEN A AVERTI SUR SA RENTABILITÉ DU S1

Le 3 mars, à l'occasion de l'annonce d'un bénéfice opérationnel ajusté de 161 millions de livres au titre de 2016 et d'un chiffre d'affaires de 1,1 milliard de livres, Berendsen avait dit que sa rentabilité du premier semestre de cette année serait affectée par ces activités, qui représentent un tiers de son chiffre d'affaires.

Ce jour-là, l'action avait d'ailleurs plongé de 11,4%, ce qui ne l'empêche pas, grâce à la poussée de ce jeudi, d'afficher une progression de près de 23% depuis le début de l'année après -19,3% en 2016 et -1,9% en 2015.

De son côté, le titre Elis reste en hausse de 17% depuis janvier après un gain de 13,5% l'an dernier. Le groupe français pèse actuellement 2,65 milliards d'euros en Bourse contre 1,84 milliard de livres pour sa cible.

Dans un communiqué, Berendsen a qualifié l'approche d'Elis "d'opportuniste", l'entreprise ajoutant qu'elle investissait 450 millions de livres pour se développer en Europe et pour remplacer des usines et des machines en Grandes-Bretagne.

"Le conseil d'administration de Berendsen est arrivé à la conclusion unanime que la proposition révisée sous-évalue très significativement Berendsen et ses perspectives", ajoute le groupe, soulignant n'avoir aucune raison de poursuivre les discussions.

Plus tôt dans la journée, Elis a dit avoir remis le 16 mai une offre améliorée à sa cible après avoir essuyé un premier refus quelques jours plus tôt.

Dans un communiqué, le groupe fait valoir que ce rapprochement pourrait donner naissance à un "leader pan-européen de la location-entretien d'articles textiles et d'hygiène" aux géographies complémentaires et avec un potentiel de synergies "significatif".

Comme le groupe français s'est fait éconduire une deuxième fois, il a jugé "nécessaire de rendre publique l'offre améliorée afin que celle-ci puisse être considérée par les actionnaires de Berendsen".

(Avec la contribution de Gwénaëlle Barzic à Paris, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)