Eliane Houlette, procureure sous pression

De Google à Cahuzac et de Nicolas Sarkozy aux Balkany, l’ex-patronne du Parquet National Financier, Eliane Houlette, s’est attaquée aux plus grands

C’est un tsunami, elle tient la barre. Au téléphone, en cette soirée du 18 juin, la voix vacille légèrement puis se reprend, petit ton ulcéré : « Oh là là… quelle histoire ! Je m’attendais bien à quelques réactions, mais pas à un déferlement pareil. Je regrette, je n’aurais probablement pas dû employer ce mot “pression”. » Pourtant, Eliane Houlette, l’ancienne dirigeante du Parquet national financier (PNF) l’a bien dit, huit jours plus tôt, à l’Assemblée nationale, lors d’une commission d’enquête sur l’indépendance de la justice : elle a subi des « pressions » du parquet général dans les affaires politiques, Le dossier Fillon notamment.

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Contrôle « extrêmement » étroit, demandes « incessantes » de rapports, convocation pour le choix de la procédure, a-t-elle détaillé avant d’appuyer : « On ne peut que se poser des questions… » Les mots ont été choisis, ciselés durant tout le confinement, lus d’une voix souveraine. Puis elle a repris le RER, retrouvé sa petite maison de la vallée de Chevreuse, son joli jardin, ses copines de la piscine municipale, ce cher Camus qu’elle relit sans cesse. Une semaine après, « Le Point » a exhumé son audition. Boum. Flambée médiatique, stupéfaction générale, indignation des avocats des époux Fillon qui ont demandé qu’on rouvre le procès. Comme un acte manqué, Eliane Houlette jetait ainsi de l’ombre sur l’affaire de sa vie. Elle s’en veut aujourd’hui : « Mes propos ont été volontairement mal interprétés, dénaturés à des fins partisanes. Je voulais simplement dire que les questionnements incessants de la presse – jusqu’à 250 appels par jour – et ceux du parquet général m’avaient mise sous tension. Cela(...)


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