Élections européennes : pourquoi y a-t-il autant de listes en lice ?

Ce dimanche 9 juin, les électeurs français auront l'embarras du choix dans l'isoloir. Pas moins de 38 listes différentes sont en effet proposées au vote.

Pas moins de 38 listes différentes sont proposées aux votants dans le cadre des élections européennes. (Photo : Riccardo Milani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Pluralité ou éparpillement ? Alors que les élections européennes se tiennent ce dimanche 9 juin dans notre pays, les personnes votant en France ont le choix entre une multitude d'offres politiques. Au total, pas moins de 38 listes différentes sont en effet proposées au suffrage universel.

Si cette abondance de candidatures, qui a nécessité certains ajustements au niveau des bureaux de votes (avec par exemple l'ajout de panneaux pour que chaque liste puisse avoir un espace d'affichage), peut être vue comme un signe de vitalité démocratique, les électeurs risquent aussi de peiner à s'y retrouver dans cette multitude de propositions variant parfois sur des détails.

Le chiffre de 38 listes en lice est en tout cas un nouveau record pour une élection nationale. Le précédent record datait d'ailleurs des élections européennes de 2019, où 34 listes au total avaient été proposées au suffrage des électeurs français, comme le notait à l'époque le Huff Post.

Le média en ligne mentionne par ailleurs un autre record, à l'échelle de l'Union européenne (UE), établi par l'Espagne. Pour les élections européennes de 2014, les électeurs ibériques avaient ainsi pu choisir entre 40 listes différentes. Le scrutin continental semble donc particulièrement propice à cette diversification de l'offre, mais comment l'expliquer ?

D'une manière générale, les conditions pour se présenter aux élections européennes sont moins strictes que pour d'autres scrutins. Comme le rappelle le ministère de l'Intérieur, il suffit, pour être candidat, d'être âgé d'au moins 18 ans la veille de l'élection, d'être en possession de ses droits civiques et d'avoir la nationalité française ou celle d'un État membre de l'UE (dans ce cas, il faut résider en France depuis au moins six mois).

Ainsi, contrairement à la règle en vigueur pour l'élection présidentielle (qui impose aux aspirants candidats de réunir 500 parrainages d'élus pour être autorisés à se présenter), il n'existe pas de processus permettant de "filtrer" les candidats en fonction de leur réseau politique. En théorie, n'importe qui peut se présenter aux Européennes (comme pour les législatives ou les municipales).

Au-delà de ces conditions très sommaires, la seule contrainte est de se constituer en listes de candidats. Pour être autorisée à concourir aux élections européennes de 2024, chaque liste devait ainsi comporter 81 noms. Ce nombre correspond au total du contingent de députés qui représenteront la France au parlement européen pour les cinq prochaines années.

Prévoyant le cas de figure, très improbable, où une seule liste raflerait tous les sièges, la loi impose donc ce nombre minimum de candidats en fonction du nombre de députés finalement élus. À titre d'exemple, au cours du mandat précédent (2019-2024), la France avait deux députés de moins (79 au total). Les listes présentées pour le scrutin de 2019 comportaient donc toutes 79 noms.

On l'imagine, réunir plusieurs dizaines de personnes autour d'idées politiques communes n'est pas la chose la plus difficile à l'ère des réseaux sociaux, d'autant plus depuis le changement d'échelle du mode de scrutin en 2018. Depuis cette date, la France forme en effet une seule circonscription dans le cadre des élections européennes. Les 38 listes en liste ont donc toutes une dimension nationale.

Plus précisément, la loi promulguée le 25 juin 2018 a acté un retour au découpage électoral qui était en vigueur jusqu'en 2004. À l'occasion des élections européennes de cette même année, huit circonscriptions électorales avaient été créées, sur la base des grandes régions. Lors des scrutins de 2004, 2009 et 2014, des listes différentes étaient donc présentées en fonction des circonscriptions.

Depuis la loi de 2018, cette répartition difficilement lisible a donc été abandonnée au profit d'une seule circonscription pour toute la nation. Cette simplification a incontestablement permis une augmentation totale du nombre de listes (34 en 2019, puis 38 en 2024, contre 20 par circonscription en moyenne en 2014).

On note cependant qu'il y a presque deux fois plus de listes en lice en 2024 que lors des élections européennes de 1999 (20 listes), les dernières à scrutin national avant le passage aux huit circonscriptions. La diversification extrême de l'offre politique illustrée par ces 38 listes correspond donc aussi, très probablement, à l'ère du temps, marquée par une certaine incertitude en termes d'idéologie et de choix politiques.