«El Hajar» : Dudu Tassa entonne ses fantômes

Né en Israël, le chanteur exhume et revisite le répertoire de ses grand-père et grand-oncle, musiciens majeurs et oubliés du Bagdad de l’entre-deux-guerres.

On a d’abord l’impression d’écouter un de ces disques de raï à l’ancienne, où se combinent une écriture raffinée, une orchestration arabo-andalouse et une énergie plutôt rock. Pourtant le chanteur-guitariste Dudu Tassa a grandi dans le Tel-Aviv des années 1980, et s’est longtemps illustré sur la scène pop rock israélienne. Le déclic est arrivé en fouillant une malle chez sa mère, remplie d’antiques enregistrements de son grand-père. Ces trésors sonores seront pour le jeune trentenaire un signe du destin, comme le premier acte d’une renaissance. «Plus jeune, j’étais fasciné par la musique occidentale, qui caractérisait alors la culture israélienne, et pour moi cela voulait dire que j’étais pleinement intégré à ce pays.» Car ce qu’il recouvre dans cette pile de disques, ce sont les traces de ses origines, des faces gravées dans le Bagdad de l’entre-deux-guerres. «Mon grand-père et son frère étaient connus sous le nom des frères Al-Kuwaiti, qui étaient parmi les musiciens préférés du roi Fayçal II.»

Transmission. Pour Dudu Tassa, c’est le début d’une quête d’identité qui va modifier son ADN musical : il remonte le fil de l’histoire de ces musiciens nés au Koweït, considérés parmi les rénovateurs de la musique arabe classique, qui durent émigrer après la création d’Israël. En Terre promise, ils ne retrouveront plus le même statut. Ceux qui avaient joué avec la pyramidale Oum Khalthoum deviendront de petits commerçants, la musique passant au second plan. Et leurs noms seront effacés des tablettes en Irak lorsque la dynastie hachémite est renversée. Jusqu’à ce que Dudu décide d’honorer la mémoire de ce grand-père mort trois mois avant sa naissance, en 1976. Il y voit a posteriori un signe du destin, celui d’une transmission symbolisée par ce prénom. C’est ainsi qu’à partir de 2010 il commence ce travail d’exhumation, (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Roi et reine
Steve Gunn, folk embardée
«Assume Form», intime convulsion
Sharon Van Etten, chaud cacao
James Blake «Je me retrouve régulièrement à chercher dans les poubelles»