«El Baile», reprise de bal à la volée

Avec cette ode aux danses populaires argentines, Mathilde Monnier peine à dépasser l’exercice de style.

Quoi qu’en disent les tendanceurs qui, chaque année, prédisent un «flagrant come-back de la guinguette», l’avènement en France des danses individuelles importées des Etats-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale (le twist en tête) a progressivement chassé du jeu social les danses de couple - le slow fut la dernière résistante. Ainsi les bals qui restent aujourd’hui, dans les quartiers les plus brooklynisés de Paris par exemple, ne survivent-ils que comme derniers symptômes de cette déferlante rétromaniaque qui nous fait bénir à la naphtaline ou à l’ironie «pop» toute mythologie sortie de la France gaulliste et pompidolienne.

Postulat. En 1981, juste avant leur grand déclin, un artiste avait non seulement consigné les différentes danses sociales pratiquées dans les dancings, mais les avait érigées en unique matériau d’une fresque historique sur la France populaire, courant de 1936 à 1980. Le Bal, mis en scène par Jean-Claude Penchenat, revisité au cinéma en 1983 par Ettore Scola, doit la notoriété qui fut la sienne à son postulat original (du moins à l’époque) : rappeler, à la faveur d’un spectacle entièrement muet, que l’histoire sociale et culturelle se diffuse aussi dans les corps. C’est cette œuvre dont s’inspire aujourd’hui la chorégraphe et directrice du Centre national de la danse Mathilde Monnier, qui a répondu au défi lancé par un producteur de décliner le Bal dans une des seules sociétés où la pratique ne s’est ni branchisée ni muséifiée : celle de Buenos Aires, où pullulent des centaines de milongas (bals intergénérationnels et socialement très mixtes).

Sur la scène d’El Baile, présenté le week-end dernier au festival Montpellier Danse et cosigné avec l’écrivain argentin Alan Pauls, 12 jeunes et talentueux danseurs argentins tentent de véhiculer, entre les pas d’escondido, de chamamé ou de cumbia, plusieurs décennies d’histoire locale, de la Coupe du (...)

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Steven Cohen Requiem en talons hauts
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Les Tombées de la Nuit, 5-9 juillet, Rennes
Montpellier Danse, 23 juin-7 juillet
Loud & Proud, 6-9 juillet à la Gaîté Lyrique, Paris