En Egypte, la nostalgie des «rêveurs de 2011»

La place Tahrir, au Caire, jeudi.

Sur la place Tahrir, au Caire, les manifestations anti-Hosni Moubarak paraissent bien lointaines. En rénovant le quartier, le président Al-Sissi veut assurer le contrôle de ce symbole, destiné à devenir un centre touristique. Et relancer une économie en berne.

Il se souvient de ces jours d’espoir et de passion quand, en janvier et février 2011, la place Tahrir, au centre de la capitale égyptienne, était couverte de tentes, avec une immense foule réclamant le départ du président Hosni Moubarak. «La place et les rues adjacentes nous ont quasiment appartenu pendant deux ans», soupire Ammar Abou Bakr, un jeune artiste égyptien qui a beaucoup travaillé dans ce quartier pour sa signification symbolique, et qui, encore maintenant, continue d’y mener des actions, même si jouer au chat et à la souris avec la police devient de plus en plus difficile. «Il y a une volonté des pouvoirs publics de tout effacer, de faire comme s’il ne s’était rien passé. Et s’ils doivent absolument admettre quelque chose, ils diront que tous les maux du pays viennent de la révolution, qu’on a détruit, sali le pays, qu’on était des dégénérés, que c’était un complot de l’étranger», raconte-t-il.

Les graffitis ont été effacés, les rues nettoyées, les marchands à la sauvette chassés. Originaire de Louxor, venu au Caire pour son effervescence artistique et politique de ces dernières années, Ammar Abou Bakr est un témoin privilégié des mutations du centre-ville. Son travail, de l’«art urbain», est de fait lié aux murs et au bâti du centre. Il a beaucoup peint sur Mohamed Mahmoud, cette rue qui relie la place Tahrir au ministère de l’Intérieur, où fin 2011, des dizaines de manifestants contre le régime militaire ont été tués. Quelques semaines plus tôt, une dizaine de manifestants coptes avaient été écrasés par des chars près du bâtiment de la radio et télévision d’Etat, à quelques centaines de mètres de Tahrir. Ces deux événements tragiques avaient marqué la fin des rêves d’une transition démocratique (...)

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Manifestations, élections, destitution