Effondrement du pont de Baltimore : le déblayage et la reconstruction, enjeux cruciaux après la collision du « Dali »

Enquête, perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et reconstruction titanesque attendent désormais la ville et le port de Baltimore.
ROBERTO SCHMIDT / AFP Enquête, perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et reconstruction titanesque attendent désormais la ville et le port de Baltimore.

ÉTATS-UNIS - Une ville endeuillée qui doit déjà se tourner vers l’avenir. L’effondrement de l’emblématique pont Francis Scott Key de Baltimore dans la nuit de lundi à mardi après la collision du porte-conteneurs MV Dali laisse place à plusieurs chantiers vertigineux. D’autant que la paralysie du port de Baltimore n’est pas sans conséquences pour l’économie américaine.

Trois jours après le drame, les victimes connues sont huit ouvriers qui réparaient des nids-de-poule sur le pont au moment de l’accident. Si deux ouvriers ont été retrouvés vivants (un dans un état grave, l’autre indemne), les six autres ont été déclarés présumés morts dès mardi soir en raison de la température glaciale des eaux du fleuve Patapsco. Mercredi, deux corps sans vie ont été retrouvés dans un camion coincé sous l’eau.

Au-delà du dramatique bilan humain, Le HuffPost fait le point sur les étapes qui attendent désormais la ville et le port de Baltimore.

· Récupérer les corps des victimes

Avant de penser reconstruction et enquête, les équipes de secours sont toujours à pied d’œuvre pour faciliter le travail des plongeurs chargés de rechercher les corps des victimes. Une opération particulièrement risquée, comme l’indique le colonel de la police du Maryland Roland L. Butler Jr. à partir des analyses sonar effectuées.

Les véhicules dans lesquels ont probablement été piégés les ouvriers sont « enfermés dans la superstructure et le béton » du pont, explique-t-il. La quantité de béton et de débris empêche les plongeurs d’atteindre les véhicules sans prendre de risque. L’enjeu consiste à retirer la structure de l’eau pour faciliter l’accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Autre source d’inquiétude : le risque de pollution des eaux du fleuve provoqué par 56 conteneurs du navire MV Dali qui contenaient des matières dangereuses, dont certaines ont pu se déverser dans le fleuve, comme le rapporte le Baltimore Sun.

· Pallier la fermeture du port

Le transport maritime étant « suspendu jusqu’à nouvel ordre » dans le port de Baltimore, de premières solutions émergent pour éviter le risque d’embouteillage. Les capacités d’accueil des autres infrastructures portuaires de la côte est vont être mises à contribution. À commencer par le port de New York-New Jersey, capable d’accueillir en un mois et demi le même nombre de conteneurs que celui de Baltimore sur une année. Les conséquences pour l’économie américaine pourraient ainsi être moins graves que prévu, même si des « perturbations dans la chaîne d’approvisionnement » restent à prévoir, comme l’indique à l’AFP l’économiste en chef d’Oxford Economics, Ryan Sweet.

Les conséquences les plus lourdes de l’accident concernent surtout le secteur automobile, car de nombreux constructeurs comme Mazda dépendent grandement de ce port pour leurs importations de véhicules. En fin de compte, c’est Baltimore et l’État du Maryland qui devraient subir les plus lourdes conséquences économiques.

Dernier terme de l’équation, et non des moindres : le site spécialisé Container xChange dénombre plus de quarante cargos actuellement coincés dans le port de Baltimore.

· Reconstruction du pont

Une fois ces étapes logistiques derrière elle, la ville de Baltimore pourra se projeter sur la suite. Ce qui implique le déblaiement des restes des décombres du pont avant la reconstruction de l’infrastructure, essentielle pour le trafic routier de la côte est. D’autant plus que le port de Baltimore est le plus grand port industriel à l’est des États-Unis. C’est pour cette raison que Joe Biden s’est personnellement engagé pour une reconstruction, quitte à ce que « l’État fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction ».

Avec ses quatre voies et une longueur de 2,6 km, la remise en état du pont autoroutier Francis Scott Key, du nom de l'auteur des paroles de l’hymne national américain, représentera un chantier titanesque. Le « reconstruire ne sera pas rapide, ni simple, ni bon marché », a averti le ministre américain des Transports, Pete Buttigieg.

· L’enquête se poursuit

Si les conditions de l’accident sont maintenant connues, l’enquête sur d’éventuels manquements des différents opérateurs maritimes ne fait que commencer. Le passif du Dali, affrété par le géant danois du transport maritime Maersk et exploité par la société maritime Synergy Group, était déjà chargé.

L’année dernière, le navire avait subi une réparation, passé deux inspections ainsi qu’une immobilisation au Chili à cause d’un défaut dans ses machines. Mais CNN évoque aussi les accidents mortels impliquant Synergy Group depuis 2018 : en Australie d’abord, où un membre d’équipage est mort dans un accident impliquant l’ascenseur d’un navire. En 2019, un officier d’un navire immatriculé Synergy Group a disparu en mer, visiblement passé par-dessus bord. Enfin, en 2023, un marin est mort lors d’une collision aux Philippines entre un pétrolier de la société maritime et un navire de dragage.

Jennifer Homendy, patronne de l’agence américaine de sécurité des transports (NTSB), a toutefois indiqué que la récupération des enregistreurs de données du porte-conteneurs serait cruciale pour l’enquête. Parmi les informations déjà connues dans le cas du MV Dali, les autorités ont indiqué qu’il avait « subi une perte momentanée de propulsion » juste avant de percuter le pont.

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