"Méthodes du passé" : les annonces d'Attal peinent à convaincre les syndicats enseignants
Le ministre de l'Éducation nationale a présenté des réformes pour améliorer le niveau des élèves. Des annonces loin de satisfaire les syndicats enseignants.
Un "choc des savoirs". Le ministre de l'Éducation a dévoilé des mesures pour "élever le niveau général" des élèves, le jour des annonces du classement PISA. L’étude mondiale qui classe et évalue les systèmes éducatifs dans le monde souligne une "baisse inédite" des performances des élèves. La France est 23e, et chute lourdement en mathématiques.
"Des méthodes du passé pour l'école du XXIe siècle"
Brevet indispensable pour entrer au lycée, groupes de niveau en mathématiques et en français au collège, refonte des programmes scolaires et le dernier mot pour les professeurs en cas de redoublement, Gabriel Attal a multiplié les annonces, qui peinent à convaincre les syndicats enseignants.
"On ressort des méthodes du passé pour les problèmes de l'école du XXIe siècle, à la fois sur la question du redoublement ou sur les remises à niveau. Ça existe depuis longtemps et il n'y a pas de preuve d'efficacité", déplore Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU.
Le redoublement aux mains des professeurs va "augmenter la défiance envers l'école"
Parmi les annonces les plus commentées, l'annonce que les professeurs auront le dernier mot concernant le redoublement. "C'est de la communication, les études montrent qu'il n'y a pas d'efficacité sur la réussite des élèves. Une recommandation PISA était même de renforcer le travail avec les familles, or c'est l'inverse qui est fait", regrette Caroline Brisedoux, secrétaire nationale en charge de la politique éducative à la Fédération Sgen-CFDT.
"Or, quand les équipes enseignantes expliquent, cherchent à convaincre les familles, cela redonne confiance aux parents dans le système éducatifs, et cela favorise la réussite des élèves. Là, on fait augmenter la défiance", prolonge-t-elle.
"Les plus faibles seront ensembles et ne sont pas tirés vers le haut"
Autre mesure qui interroge les syndicats enseignants, la mise en place de groupes de niveau, en mathématiques et en français, au collège. "C'est comme avec le redoublement, il y aura les bons d'un coté, les mauvais de l'autre. Les plus faibles seront ensembles et ne sont pas tirés vers le haut, il faut des groupes hétérogènes", remarque la co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU.
"Si les groupes sont flexibles et évoluent d'une séance à l'autre, c'est bien, mais sinon, le risque est de discriminer les élèves moins bons, de leur faire perdre confiance en eux et donc de les démotiver, ce qui est catastrophique à long terme", relativise de son côté Caroline Brisedoux, secrétaire nationale en charge de la politique éducative à la Fédération Sgen-CFDT.
"Une entrave à la liberté pédagogique"
Mais surtout, c'est la labellisation des manuels dans le premier degré, pour distinguer les ouvrages respectant certaines exigences fixées par l'Education nationale, qui suscite une vive opposition. "J'ai longtemps exercé en CP, en utilisant différentes méthodes pour apprendre à lire car les élèves sont différents. Si on devait m'imposer une méthode que je ne maîtrise pas, je ne m'engagerais pas dans la prise en charge de cette classe. Je préfère être efficace avec une méthode que je maitrise", explique Guislaine David.
"Ce n'est pas la labellisation en soit le problème, c'est ce que ça induit derrière : les enseignants font des mauvais choix et c'est une entrave à la liberté pédagogique", dénonce de son côté Caroline Brisedoux, secrétaire nationale en charge de la politique éducative à la Fédération Sgen-CFDT.
"Ce n'est pas une vision à long terme de l'éducation, mais des impacts à court terme pour remonter dans les classements"
Dernier point de crispation, "le pilotage par le résultat des évaluations. On installe une mise en concurrence ce qui signifie que tout le monde va connaitre les résultats de sa classe, dans son établissement, et comparer avec autres classes, établissements. C'est déjà mis en place dans les pays anglo-saxons, et cela pousse les enseignants à davantage préparer les évaluations plutôt qu'à construire apprentissage aux élèves", relève Caroline Brisedoux.
"De façon générale, ce qui nous est proposé n'est pas une vision à long terme de l'éducation, mais des impacts à court terme pour remonter dans les classements et surtout rassurer les familles sur capacité de l'école publique à réagir et se transformer", conclut la secrétaire nationale en charge de la politique éducative à la Fédération Sgen-CFDT.
VIDÉO - Dans la foulée de Pisa, Attal promet le retour de "l'exigence" à l'école avec une série d'annonces