Edith Cresson : "Une femme est considérée comme un objet"

"Je n’ai pas été nommée Premier ministre par accident ! Élue maire, députée, conseiller général, j’ai été cinq fois ministre avant d’être Premier ministre, j’ai aussi siégé au Parlement européen. Je ne vois pas pourquoi on s’étonne toujours qu’une femme ait accédé à cette fonction. Il n’y a qu’en France qu’on se pose la question. C’est une mentalité très particulière. À l’époque, j’avais démissionné du gouvernement - j’étais alors ministre des Affaires européennes -, le contexte était très difficile. François Mitterrand était déjà très malade et Roland Dumas (ndlr: ministre des Affaires étrangères) ne me facilitait pas la tâche...J’ai donc quitté le gouvernement pour créer une entreprise qui aide les sociétés françaises à s’implanter dans les pays de l’Est. Ca marchait d’être bien, je m’y plaisais énormément".

"Quand François Mitterrand m'a demandé de devenir Premier ministre, j’ai commencé par refuser. Il m'a dit alors vouloir qu’une femme occupe ce poste avant la fin de son mandat. Je lui ai répondu qu’il fallait peut-être y penser avant... Évidemment, ça a été très mal considéré. Comment une femme peut-elle être Premier ministre! Curieux comme commentaire, non! On ne voit ça qu’en France. Déjà, lorsque j’étais ministre de l’agriculture (ndlr: 1981-1983), le président de la FNSEA* avait ainsi commenté ma nomination: “on voit le mépris dans lequel le Président de la république tient l’agriculture puisqu’il a nommé une femme à ce poste”. Lors du congrès de la FNSEA, je fus accueillie (...)

(...) Cliquez ici pour voir la suite